Catherine Rhéaume, enseignante de physique au Cégep Limoilou et chargée de cours à l’Université Laval, éditrice et rédactrice pour le site Profweb, l’exprime on ne peut plus clairement : la formation comodale, « …c’est quand chaque étudiant peut choisir, à chaque séance, s’il assistera au cours en présence ou à distance de façon synchrone ou s’il suivra le cours à distance de façon asynchrone. C’est vraiment l’étudiant qui décide quel mode lui convient d’une séance à l’autre. »
Bien que la situation sociosanitaire ait popularisé cette manière d’offrir de la formation, il importe de ne pas confondre la formation comodale avec l’enseignement à distance en situation d’urgence ni même avec la formation hybride, à laquelle elle est toutefois apparentée. Le Bureau du soutien à l’enseignement de l’Université Laval propose un intéressant tableau où l’on distingue le cours comodal du cours hybride des points de vues enseignant et étudiant et aux niveaux de l’encadrement et de la gestion des examens.
Pour certaines institutions ou certaines personnes enseignantes, la formation comodale pourrait se résumer à diffuser simultanément et en différé la captation d’un cours présentiel de façon à ce que les étudiantes et étudiants n’ayant pas assisté à un cours en présence puissent y avoir accès au moment qui leur convient le mieux. Rappelons toutefois que la captation de cours – notamment lorsqu’il est question de séances magistrales de trois heures – ne fait pas l’unanimité.
Il vaut la peine de s’interroger sur la qualité de l’expérience d’apprentissage offerte tant aux personnes étudiantes qui participent au cours en présentiel qu’aux personnes qui y participent à distance de manière synchrone ou asynchrone. Bien que ces expériences soient forcément différentes, seront-elle de qualité comparable?
À partir des travaux (2019) du professeur Brian Beatty de la San Francisco State University, l’Université du Québec à Montréal rappelle certains principes à considérer en enseignement asynchrone:
- « l’équivalence des activités et évaluations des apprentissages, en s’assurant que l’expérience proposée par l’enseignant.e assure les mêmes possibilités, que l’étudiant.e soit en classe ou en ligne ;
- l’utilisabilité des ressources matérielles et numériques , de façon égale autant pour le groupe d’étudiant.es en ligne que pour le groupe en classe ;
- l’accessibilité de la séance de cours pour tous les étudiant.es, suivant leurs capacités technologiques, mobiles ou logistiques. »
Pour la personne enseignante qui entend respecter de tels principes, il semble difficile de faire l’impasse sur un important dispositif pédagogique en ligne (notes de cours avec guides de lecture, exercices interactifs, courtes leçons asynchrones sur certaines dimensions de la matière, etc.) afin d’offrir une expérience d’apprentissage riche aux personnes étudiantes à distance.
Bref, offrir de la formation comodale de qualité, c’est offrir à la fois une activité pédagogique présentielle de qualité et une activité pédagogique à distance de qualité. Cela représente un important investissement en temps et en énergie.
Voir aussi « Hyflex ».
Sources
« Captation de cours : les pour et les contre », Perspectives SSF, Université de Sherbrooke, septembre 2012
« Enseignement comodal », site Enseigner à l’Université Laval, [sans date], page consultée le 18 décembre 2021
Beatty, Brian J., Costs and Benefits for Hybrid-Flexible Courses and Programs. in Hybrid-Flexible Course Design – Implementing student-directed hybrid classes, 2019, document PDF.
Bureau de soutien à l’enseignement, Distinctions entre un cours comodal et un cours hybride (tableau), Université Laval, 2018, document PDF
Carrefour technologique et pédagogique, « Enseignement comodal », Université du Québec à Montréal, [sans date], page consultée le 18 décembre 2021
Rhéaume, Catherine, « La formation comodale pour répondre aux besoins de tous les étudiants – Un exemple de conception universelle de l’apprentissage », Profweb, 25 février 2020