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« Se faire innover », des petits pas dans une grande direction 

L’innovation en contexte d’éducation peut prendre bien des formes. Par cette formule quelque peu audacieuse, « se faire innover », nous proposons dans cet article d’aborder l’innovation du point de vue du sujet, et d’en faire l’objet de l’innovation. Plus clairement, nous proposons que les actrices et acteurs du milieu de l’éducation s’inspirent de l’essor des innovations technologiques, sociales et pédagogiques (Dubé, 2023) pour se faire innover elles-mêmes du point de vue pédagogique. Le dictionnaire Usito définit l’innovation comme un « renouvellement », et c’est bien de cela qu’il s’agit : innover pour renouveler les pratiques pédagogiques qui s’appliquent à soi. La distinction que nous voulons apporter est qu’en complémentarité à mettre en place des projets d’innovation, il y aurait de la place pour solidifier l’inclusion et la transition vers des pratiques pédagogiques gagnantes.  

Il faut bien le reconnaître, penser en termes d’innovation requiert de l’audace, un esprit qui « sort de la boîte », et aussi, un certain inconfort à rester dans sa zone de confort. Vous savez, cette zone de confort qui s’installe après quelques années d’expérience à exercer de la même façon ? Comment en sortir sans avoir l’impression que l’impératif d’innovation est trop grand ? Pour faire un parallèle contextuel avec les mots de Lev Vygotsky (McLeod, 2023), comment renouveler ses pratiques de manière proximale en ayant recours aux aides disponibles dans le milieu de l’enseignement supérieur ? 

La personne qui souhaite innover dans ses pratiques pédagogiques est encouragée à profiter d’une culture institutionnelle collaborative et d’une communauté ouverte au partage, aux interactions entre une diversité de parties prenantes, afin d’apprendre de celles-ci. Les parties prenantes construisent ensemble — co-construisent — un environnement social propice à l’apprentissage et mettent en place des conditions qui pourraient faire émerger de nouveaux actes pédagogiques. Nouveaux dans leurs formes, ou nouveaux parce qu’ils traduisent un changement de posture chez la personne qui pose ces actes. Afin de favoriser cette innovation, la personne qui souhaite renouveler ses pratiques pourrait se tourner vers quelques-unes de ces actions non exhaustives et non hiérarchiques :   

  • Recourir aux services de conseil ou d’accompagnement pédagogique, s’il y en a dans son établissement. Les centres d’appui pédagogique bénéficient d’une grande expertise qui permet de revisiter ses pratiques tout en douceur. Que ce soit dans la prise en compte de nouvelles dimensions dans le curriculum (c.-à-d. développement durable, réussite, approche inclusive, santé mentale et bien-être, etc.) ou la diversification de méthodes pédagogiques, la force réside dans l’accompagnement offert, souvent personnalisé ; 
  • La pairagogie : toutes les pratiques et possibilités qui permettent d’apprendre avec et par vos pairs, et potentiellement de réinvestir ces apprentissages ;  
  • Élargir ses perspectives : sortir de temps à autre de sa discipline et explorer ce que font les autres collègues dans le département, dans la faculté, ou dans d’autres établissements. Observer les autres peut donner des pistes sur des pratiques inspirantes voire des collaborations interdisciplinaires inédites, ponctuelles ou structurées sur le long terme ;    
  • S’autoformer. À l’heure de gloire de la diversification des médias liés à l’apprentissage, il existe une panoplie d’outils pour vous aider ou vous accompagner à acquérir les nouvelles capacités dont vous avez besoin pour progresser. Les méthodes traditionnelles que sont les bouquins ou les lectures en ligne, soigneusement sélectionnés par vous-mêmes, demeurent. À cela, s’ajoute un grand nombre de MOOC (Massive Open Online Courses) gratuits ou payants, format long ou court, etc. 
  • Saisir les opportunités institutionnelles liées à l’innovation pour se forcer à se donner des objectifs d’innovation, se donner un cadre à travers un processus formel, s’entourer d’une équipe dédiée pour jeter un regard introspectif sur ses pratiques individuelles ou l’approche curriculaire. Ceci afin de se donner les moyens de ses ambitions : injecter un souffle nouveau. 

L’innovation pédagogique a différents degrés et différentes finalités :  

  • Mieux participer au transfert, à l’acquisition et au développement du trio connaissances, compétences et savoir agir auprès de la clientèle universitaire ; 
  • Intéresser de nouveaux publics à la chose universitaire et à ses possibilités ;  
  • Varier ses méthodes d’enseignement ainsi que les dispositifs d’apprentissage ; 
  • Envisager de nouveaux lieux favorables à l’apprentissage ;  
  • Convertir sa posture de « maitresse ou maitre indispensable » du savoir à « médiatrice ou médiateur », voire « accompagnatrice ou accompagnateur », etc.   

Finalement, nous pouvons penser l’innovation comme une échelle placée devant une étagère. Les marches sont de la même taille et se valent les unes les autres. Toutes les marches assurent ensemble la stabilité et l’équilibre dont a besoin l’individu qui grimpe pour accomplir sa tâche. En même temps, elles donnent accès à différentes hauteurs de l’étagère. L’objectif de l’échelle n’est pas forcément d’emmener au sommet, mais à la hauteur qui satisfait le besoin immédiat. Il faut que le pas précédent soit bien assis sur la marche pour être en mesure d’effectuer le pas suivant (Ménard et St-Pierre, 2014 ; Pelaccia, 2021). Parfois, en jetant un coup d’œil, nous pouvons apercevoir un objet adapté au contexte, une marche plus haut, et nous décidons de faire le pas de plus.  

Il ne faut surtout pas oublier que l’innovation est aussi liée au contexte. Si pour vous, l’innovation est de présenter vos contenus d’une manière plus dynamique et interactive, vous venez de vous innover, de faire un petit pas dans une grande direction, pour le grand bénéfice des personnes apprenantes. 

Prêcher pour sa paroisse — le développement durable dans l’enseignement supérieur 

L’intégration du développement durable dans la formation est la considération d’une nouvelle dimension (en fait, des interactions entre trois dimensions) dans les activités à visées pédagogiques destinées aux personnes apprenantes : accueil, orientation, enseignement, stages, développement professionnel, échanges à l’étranger, ressources bibliothécaires, environnements (numériques) d’apprentissage, etc.  

Dans de nombreuses situations, prendre en compte le développement durable dans les activités mentionnées pourrait relever d’une innovation pédagogique à portée de main. Grâce au soutien institutionnel dont bénéficie le développement durable dans la formation à travers des services personnalisés offerts par le Service de soutien à la formation de l’Université de Sherbrooke (SSF) et le Vice-rectorat aux études (Projet d’intégration du développement durable dans la formation), vous serez certainement bien entourées et entourés si vous décidez de faire une transition vers l’innovation. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups et fusionner innovation et transition socioécologique ? 

Références 

Dubé J.-S. (2023). Innovations pédagogiques du moment et critères pour les réfléchir. Perspectives SSF. https://leveilleur.espaceweb.usherbrooke.ca/45054/innovations-pedagogiques-du-moment-et-criteres-pour-les-reflechir/ (Page consultée le 11 septembre 2023) 

McLeod, S. A. (2023). Vygotsky’s Sociocultural Theory Of Cognitive Development. Tiré de http://www.simplypsychology.org/vygotsky.html (Page consultée le 11 septembre 2023) 

Menard L., St-Pierre L. (2014). Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur. Collection Performa. 

Pelaccia T. (2021). Comment enseigner dans le supérieur ? : 100 questions réponses. De Boeck. 

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