À propos

Surcharge ou charge utile?

Décembre est un moment de l’année où nous sommes épuisés individuellement et collectivement. La somme de travail et la charge mentale sont considérables tant au niveau personnel que professionnel. Les personnes étudiantes ont de nombreux travaux à remettre, ainsi que plusieurs examens à réaliser… Ce qui génèrera une quantité de travail toute aussi importante pour les personnes enseignantes, à laquelle s’ajoutent la préparation du prochain trimestre et les impératifs reliés aux activités de recherche. Ça donne parfois le vertige! Pour ma part, lorsque j’accompagne une personne enseignante qui veut établir ses priorités, j’aborde le sujet de l’efficience pédagogique, ce qui fait un peu sursauter, ou le concept de la « charge utile », ce qui les intrigue davantage.

Dans le domaine de l’astronautique, la charge utile est « l’équipement transporté par un véhicule spatial et utilisé pour remplir une mission précise » (Antidote). Bien que les astronautes emportent parfois quelques effets personnels ou des objets qui rappellent les personnes aimées, tout le matériel est nécessaire et il a une fonction très spécifique.

Au niveau de l’enseignement, on pourrait aisément associer la charge utile à la somme du travail demandé aux personnes étudiantes et de celui que les personnes enseignantes s’imposent à elles-mêmes. Cette expression pourrait sembler choquante à première vue. Il est bien évident que tout est utile, mais dans quelle mesure en termes de pertinence et d’efficience? À cet effet, que veut-on dire par efficience?  Cette expression, que nous associons trop souvent à la gestion, est tout simplement le rapport entre les résultats obtenus et les ressources investies pour y arriver. Donc, une mesure est jugée efficiente si elle donne un maximum de résultats pour un minimum d’énergie. Ce sont généralement de bons investissements!

Pour nous aider à évaluer la charge utile portée par les personnes étudiantes ainsi que par les personnes enseignantes, nous pourrions nous poser les questions suivantes.

  • À quel point la charge de travail ou d’études demandée aux personnes étudiantes dans le cadre d’une activité pédagogique contribue directement à l’atteinte des cibles de formation de celle-ci et, conséquemment, du programme dans lequel elles sont inscrites?    
  • Est-ce que tout ce travail demandé nous renseigne adéquatement sur l’acquisition des connaissances ou le niveau de développement d’une compétence lorsque vient le moment de fournir une rétroaction constructive ou d’évaluer les apprentissages afin d’attribuer une note? 
  • Où se trouve notre valeur ajoutée en tant que personne experte?
  • Existe-t-il des outils que nous pourrions nous approprier ou adapter (ex : des grilles d’évaluation critériées, les fonctionnalités de Moodle, Panopto ou monPorfolio,…)?

Les réponses à ces dernières questions nous guident vers des pistes de solution afin de faire des choix éclairés et davantage stratégiques pour transformer une surcharge en charge utile. Toutefois, il n’y a malheureusement pas de recette ou de baguette magique. Pour y arriver, permettez-moi quelques suggestions ou propositions :

  • valider les cibles de formation avec les personnes responsables du programme dans lequel votre activité pédagogique se retrouve;
  • échanger sur les bonnes pratiques avec vos collègues ou avec des personnes conseillères pédagogiques;
  • consulter et impliquer les personnes étudiantes;
  • vous connaitre et vous former à votre rythme;
  • être tolérant envers vous-même en vous donnant la chance d’expérimenter;
  • vous donner du temps, un pas à la fois.

Nous pouvons concevoir qu’enseigner n’est pas une mince affaire, mais l’exercice peut être stimulant et valorisant. Dans l’espoir que votre charge sera de plus en plus utile et qu’elle vous permettra de voyager léger, je vous souhaite de profiter du paysage et d’arriver à destination dans les meilleures conditions possibles.

Stéphane Roux, directeur général
Service de soutien à la formation

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2 commentaires

Sylvain Manseau 21 Décembre 2021 at 12 h 12 min

Merci, Stéphane. Au BES-BEALS depuis l’hiver l’an passé, je coordonne les remises de travaux et les passations d’examens pour mieux étaler la charge de travail de nos étudiants et diminuer ce que j’appelle les goulots d’étranglement. Nous avons aussi demandé à nos formateurs de réfléchir à leurs modalités d’évaluation: est-il possible de diminuer leur nombre tout en préservant la rigueur et en obtenant toujours un portrait juste des apprentissages ciblés? Ces considérations ont porté leurs fruits jusqu’ici et ont même donné lieu à des collaborations entre formateurs, qui exigent par exemple des travaux communs. L’an passé, une de nos étudiante nous avait alerté sur le fait qu’elle avait, dans sa seule session d’automne, pas moins de 29 éléments d’évaluation! C’est beaucoup de travail pour les étudiants, mais aussi pour les formateurs. Je retiendrai donc le concept de charge utile.

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Véronique 21 Décembre 2021 at 12 h 23 min

Merci Stéphane!
Réflexion intéressante qui renvoie notamment à la théorie de la charge cognitive (extrinsèque, intrinsèque et essentielle).
J’aime beaucoup l’analogie faite avec la charge utile lors de mission spatiale!

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