Le fin mot

Enseignement à distance en situation d’urgence (Emergency remote teaching)

Pour Hodges et al. d’EDUCAUSE, la formation alternative offerte en ligne en ces temps de pandémie ne serait pas de la formation à distance (FAD), mais bien plutôt de l’emergency remote teaching (ERT), que Jean-Marie Guillot, maître de conférences à Télécom Bretagne, traduit par « enseignement à distance en situation d’urgence » ou EDSU. La professeure Béatrice Pudelko de la TÉLUQ parle quant à elle de « non-présentiel » à la suite de Parker (1995). Le syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec en Outaouais parle justement d’enseignement en mode non présentiel (EMNP).

Plusieurs autrices et auteurs rappellent qu’une formation à distance de qualité nécessite de six à neuf mois de préparation. Dans bien des cas, les enseignantes et enseignants qui ont offert ou offriront de l’EDSU n’ont eu qu’une ou deux semaines pour ajuster leur enseignement présentiel à un tout nouveau contexte.

Outre le fait que la rapidité de cette transition n’ait pas permis un développement pédagogique optimal, les autrices et auteurs consultés mentionnent trois éléments contextuels qui les amènent à parler d’EDSU plutôt que de FAD en bonne et due forme:

  • Le soutien technique et pédagogique reçu par les enseignantes et enseignants – si important qu’il soit ou qu’il ait été – n’est pas habituellement prévu pour de l’assistance à aussi grande échelle. Le développement d’un véritable cours de FAD reçoit habituellement un soutien important de la part de telles équipes.
  • Le soutien disponible pour les étudiantes et étudiants n’a pu être ajusté à leurs besoins particuliers. Le développement de cours de FAD de qualité devrait idéalement tenir compte de cette variété de besoins.
  • Puisque l’EDSU diffère de la FAD, de telles formations données dans l’urgence ne devraient pas être évaluées de la même façon que des cours en ligne optimisés.

Dans un contexte mondial fragile tant sur les plans sanitaire, politique, économique qu’environnemental, où d’autres pandémies, voire d’autres catastrophes, pourraient se multiplier, Hodges et al. soulignent le fait que l’EDSU (ou ERT en anglais) pourrait devenir une nouvelle compétence à développer pour tous les enseignantes et enseignants, soit la capacité à changer rapidement son fusil d’épaule: « Thus, the possible need for ERT must become part of a faculty member’s skill set, as well as professional development programming for any personnel involved in the instructional mission of colleges and universities. »

Sources

Cool, Jacques, « Et maintenant, qu’allons-nous faire? », 19 avril 2020, m. à j. 23 et 25 avril 2020.

Guillot, Jean-Marie, « Enseigner à distance en situation d’urgence – Ce n’est pas de l’enseignement en ligne, C’est une mutation ! », Techniques innovantes pour l’enseignement supérieur (blogue personnel), 10 avril, 2020

Hodges, Charles, Stephanie Moore, Barb Lockee, Torrey Trust et Aaron Bond, “The Difference Between Emergency Remote Teaching and Online Learning“, EDUCAUSE, 27 mars 2020

Pudelko, Béatrice, « Étudier et enseigner à distance : trois leçons apprises utiles au temps de la crise », Cognition et éducation, 7 avril 2020

Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec en Outaouais,
« L’enseignement en mode non présentiel n’est pas de la FAD»3 mai 2020

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