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Collaboration entre personnes étudiantes dans les cours comodaux

L’apport des technologies dans le milieu de l’éducation est exponentiel. Il permet la création d’une multitude d’innovations et de conceptions pédagogiques. Parmi celles-ci, l’apparition des modalités d’enseignement permettant une rupture spatio-temporelle entre les personnes apprenantes et enseignantes. Selon Pareya et Paquelin (2023), cet espace est représenté par « un ensemble pluriel d’espaces physiques et numériques délimités par des frontières sur lesquels les apprenants et enseignants ont une emprise et au sein desquels s’ancrent les activités d’enseignement et d’apprentissage de manière formelle et non formelle » (p.6). Cet espace virtuel permet de réfléchir autrement certaines modalités pédagogiques, voire de les combiner.

On parle d’enseignement comodal lorsque « des activités d’enseignement et d’apprentissage en mode synchrone sont proposées simultanément en présence (en classe physique) et en ligne (en classe virtuelle) » (Lakhal et al., 2021).

Face à son implantation grandissante dans les universités, il apparaît important de présenter diverses stratégies favorisant la collaboration et l’interactivité entre les personnes étudiantes en présence et à distance. Pour vous guider dans la planification, consultez les outils et documents d’aide développés par l’équipe du Service de soutien à la formation – SSF de l’UdeS.

Comment favoriser la collaboration dans son cours ?

La première étape est de bien planifier les activités d’enseignement pour favoriser un apprentissage optimal. La personne enseignante doit scénariser de manière détaillée toutes les périodes d’échanges, les activités, les outils, etc. afin que les personnes étudiantes à distance se sentent impliquées activement dans leurs apprentissages.

Voici des éléments de réflexion à considérer lors de la scénarisation :

  • les activités peuvent-elles se réaliser aussi bien à distance (salle virtuelle) qu’en présence (salle physique)?
  • les activités d’apprentissage sont-elles équivalentes pour les personnes étudiantes en présence et à distance ?
  • les ressources du cours sont-elles accessibles pour toutes les personnes étudiantes ?

Nous pouvons réfléchir la planification en trois temps, soit la préparation aux apprentissages, la réalisation des activités et l’intégration.

Comment la personne enseignante peut-elle préparer ses personnes étudiantes aux apprentissages ?

Avant le cours, elle peut certes leur suggérer de consulter des lectures, vidéos, balados et même leur fournir un document à compléter afin qu’elles puissent concrétiser leur compréhension d’un modèle ou d’un concept. Pour les rendre actives et en interaction entre les séances de cours, la personne enseignante peut également leur demander d’effectuer des recherches d’informations, la lecture d’un article, d’un chapitre, d’un blogue, le visionnement d’une courte vidéo, la préparation d’une thématique à exposer en équipe, des interviews à réaliser seul ou en groupe avant une séance en présentiel (Lebrun, 2015).

Ensuite au début de la séance du cours, la personne enseignante peut utiliser des activités d’activation des connaissances antérieures afin d’obtenir une idée des préconceptions de ses personnes étudiantes et de les ajuster, au besoin. Ces activités permettent chez les personnes apprenantes de conjuguer leurs futures connaissances avec celles déjà acquises en plus de favoriser les apprentissages durables (Guillemette et al., 2015).   

Voici quelques exemples d’activités d’activation des connaissances antérieures :

ActivitésDescripteurs
Billet d’entréeLa technique du billet d’entrée permet de faire une évaluation rapide et sommaire des connaissances acquises par les personnes étudiantes lors des derniers cours en les invitant à répondre à une ou quelques questions.
Carte heuristiqueLes cartes heuristiques permettent de représenter, sous forme hiérarchique et visuelle, différents concepts liés aux notions du cours.
Mini quiz  La personne enseignante prépare des questions dans ses diapositives ou à l’aide de plateforme de vote interactif (ex. : Wooclap). La question et les différentes propositions de réponses sont affichées. Les personnes étudiantes votent. En fonction du nombre de bonnes réponses, la personne enseignante peut clarifier les éléments mal compris.
TélévoteurEn amorce/en réveil des prérequis pour une activité/en préparation à un examen/technique de rétroactions Dispositif de classe inversée : questions sur les lectures (avant le cours), résolution de cas pratiques

Comment la personne enseignante peut-elle faciliter la réalisation des activités principales d’apprentissage ?

Lors de la réalisation des activités d’apprentissage dans la classe, la personne enseignante doit s’assurer d’utiliser les meilleures méthodes d’interaction entre les personnes étudiantes en présence et à distance afin d’atteindre les objectifs.

L’accomplissement de la tâche en équipe peut se dérouler de deux manières, a) en équipe combinant des personnes étudiantes en présence et à distance, b) en équipe homogène (en présence ou à distance). La première possibilité permet chez les personnes apprenantes de développer un sentiment d’appartenance, toutefois sa mise en place demande de la préparation. Dû à la plus grande complexité de sa création, cette possibilité est bénéfique lors des activités de longue durée. En effet, toutes les personnes étudiantes en classe doivent avoir l’équipement nécessaire (casque d’écoute, micro, ordinateur, connexion internet) pour communiquer avec celles qui seront à distance. La personne enseignante devra prévoir le jumelage des équipes (en présence) ainsi que la création dans la classe virtuelle (sur Teams) des petites équipes.

IMPORTANT
Lors des activités collaboratives, il peut arriver que l’environnement sonore de la salle de classe nuise aux échanges entre les personnes en présence et à distance. L’équipement comme des casques d’écoute avec micro peut être une solution. Au campus de Longueuil de l’UdeS, des salles de travail (physique) sont disponibles (sous réservation). Lors des activités collaboratives, d’une durée de plus que 15 minutes, les personnes étudiantes peuvent s’y déplacer et se connecter dans une salle virtuelle pour discuter avec leurs pairs à distance.  

La seconde possibilité est de créer des équipes homogènes, c’est-à-dire les personnes en présentiel sont en équipe ensemble et les personnes à distance entre elles. Cette possibilité est adaptée pour les courtes activités. Encore là, la personne enseignante devra créer des petites équipes sur Teams pour y diriger les personnes à distance.   

Il existe une multitude de formules pédagogiques actives favorisant la collaboration entre les personnes étudiantes en présence et à distance. Plusieurs de ces formules sont adaptables à l’enseignement comodal. En voici quelques exemples :

Formules Description
Penser – Comparer – Partager  1) Les personnes étudiantes réfléchissent individuellement à une question posée par la personne enseignante et notent leur réponse par écrit.
2) Ils ou elles comparent leur réponse avec la ou les personnes voisines et cherchent à trouver une solution qui fait consensus.
(Ensemble) La personne enseignante interroge les groupes de personnes étudiantes, note les réponses au tableau (TNI) et anime la discussion plénière.
Le «Jigsaw » (ou « puzzle »)La personne enseignante prépare une série de questions ou une série de ressources à consulter. Les personnes apprenantes sont regroupées. Groupe expert : chaque groupe reçoit une question/des ressources à approfondir. Groupe apprentissage : les groupes sont ensuite réorganisés de manière à être composés de personnes étudiantes issues de chaque groupe d’expertise, en vue d’un partage avec les autres.
Enseignement par les pairs Des groupes de personnes étudiantes font des présentations PowerPoint devant l’auditoire. Autres formats : une séance « affiche », une exposition, un panel, un débat contradictoire, un exercice de simulation, etc.
Carte conceptuelleAprès avoir couvert un bloc important de matière dans le cours (thème, unité, chapitres, etc.), la personne enseignante invite les personnes apprenantes à construire une représentation de ce qu’elles ont appris à l’aide d’une carte conceptuelle.
Le « Philipps » 6/6  La personne enseignante forme des groupes de six personnes étudiantes qui ont six minutes pour chercher une solution à un problème posé. Un rapporteur de chaque groupe expose ensuite la solution au grand groupe. Sur la base des apports de tous les groupes, chaque groupe rédige une synthèse.

Comment la personne enseignante peut-elle favoriser l’intégration des contenus chez les personnes étudiantes?

Dans la phase d’intégration, la personne enseignante peut utiliser divers moyens pour permettre aux personnes étudiantes d’intégrer les connaissances apprises dans le cours. Cela peut se faire à l’aide d’évaluation généralement formative des apprentissages du cours, par des minitests pour valider l’acquisition de connaissances théoriques, de brefs travaux, une entrée dans un portfolio ou une réflexion.

Conclusion

L’interactivité formelle et informelle entre les séances de cours est également importante. La personne enseignante peut offrir des occasions d’interaction entre ses personnes étudiantes à l’aide de plusieurs outils et moments virtuels qui leur permettront de poser des questions. Exemple, la création d’un forum de discussion en ligne permet d’intégrer socialement les personnes étudiantes à distance dans les discussions formelles et informelles du cours. Les forums collaboratifs peuvent être utilisés pour la communication, mais aussi pour le partage d’informations, la mise en commun de documents ou pour les contributions.


Références

Chauret, M. (2023). Comodalité : aide à la planification. Éveilleur, Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke.

Chauret, M., Perron, S. et Morier, M. (2022). Face et Pile : L’enseignement en comodalité. Service de soutien à la formation. Université de Sherbrooke. CC BY.

Gérin-Lajoie, S., Roy, N., Lafleur, F., Mimoudi, A., Faye, I.W.D. et Deauparlant, R. (2022). L’enseignement comodal : conjuguer la présence et la distance en toute cohérence. REFAD.

Guillemette, F., Renaud, K. et Leblanc, C. (2015). Le rôle des connaissances antérieures dans l’apprentissage. UQTR.

IMPACT. (n.d). Vignettes de pédagogie active. Polytechnique de Montréal.

Lakhal, S., Heilporn, G., Mukamurera, J. et Bédard, M.-È. (2021). Choisir le cours comodal : conditions pédagogiques, technologiques et organisationnelles favorables. Pédagogie collégiale, 34(4), 36-42.

Lebrun, M. (2015). L’école de demain : entre MOOC et classe inversée. La révolution numérique, 156, 41-47. 

Peraya, D. et Paquelin, D. (2023). Interrogeons les distances certes… Et si l’on repensait la présence ? Distances et médiations des savoirs, 41, 1-11. DOI : https://doi.org/10.4000/dms.8981

StudiUM. (n.p). Activation des connaissances antérieures. Université de Montréal.  10.4000/dms.865

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