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L’examen du plagiat et de la fraude académique dans une logique de la conséquence

Michelle Bergadaà

Dans le cadre de la conférence qu’elle a donné à l’UdeS le 6 février dernier, Michelle Bergadaà, présidente de l’Institut international de recherche et d’action sur la fraude et le plagiat académique (IRAFPA) et professeure à l’Université de Genève, a abordé la lutte au plagiat et à la fraude académique en plus de présenter l’IRAFPA.

La professeure Bergadaà a d’abord rappelé les conséquences du plagiat et de la fraude.

Les 10 conséquences des comportements plagieurs

  1. Le plagiat est d’abord un vol de la création originale – il serait vécu comme un viol.
  2. Les plagieurs s’inscrivent en faux dans le droit fondamental du lecteur à l’accès à l’origine des sources de la connaissance. La connaissance risque de se mettre à tourner en rond, de ne pas progresser.
  3. Le plagiat porte atteinte au droit ultérieur de l’auteur à publier. L’aberration de devoir citer le plagieur qui a publié avant soi.
  4. Le plagiat vide le sens d’une œuvre.
  5. Le plagiat incite à la recherche bâclée.
  6. Le plagiat inhibe des chercheurs compétents.
  7. Le plagiat est une fraude vis-à-vis du système. Dont les promotions basées sur la fraude
  8. Le plagiat provoque un dysfonctionnement des revues scientifiques.
  9. Un comportement plagiaire porte atteinte à l’image de nos établissements.
  10. La lutte anti-plagiat coûte cher… Le traitement d’un cas de plagiat dans un mémoire a coûté 200 000$ !

Les dénonciations de fraude étant de plus en plus médiatisées, les universités déploient des efforts d’éducation et se dotent de politiques an de traiter les dérives. Pourtant ces mesures en vue d’enrayer le plagiat et la fraude académique ne fonctionnent pas

Vers une logique de la conséquence

L’intégrité académique en formation et en recherche est une valeur à laquelle toutes les universités sont sensibles. Les dénonciations de fraude étant de plus en plus médiatisées, les universités déploient des efforts d’éducation et se dotent de politiques afin de traiter les dérives. Pourtant ces mesures en vue d’enrayer le plagiat et la fraude académique ne fonctionnent pas. Pourquoi? Mme Bergadaà a avancé quelques pierres d’achoppement :

la logique de la cause du plagiat : on cherche à comprendre ce qui a provoqué le plagiat mais ce faisant on regarde en arrière à la recherche des contextes « coupables », qu’il est souvent impossible de changer;

le petit juge et l’attrait de la sanction : une personne qui n’a qu’une envie : punir et ce, du haut de ses croyances et préjugés;

la pensée unique et la dialectique : mode de pensée basé sur la logique des bons et des méchants, méchants dont il faut se débarrasser ;

la communication du « touch & go » : on traite les dossiers et on les oublie, sans se soucier de l’aspect systémique du problème; ici, on retrouve les cas où il y a récidives.

Mme Bergadaà souhaite que la logique de la conséquence ait préséance mais cette logique de la conséquence exige un changement de posture : on regarde le plagiat et la fraude dans une optique d’effets sur le futur et ce qu’il convient de faire pour pacifier les communautés. On revient à la responsabilité sociale académique, à savoir que nous sommes responsables et redevables pour tout ce que nous faisons ou ne faisons pas pour le futur en gardant en mémoire la question Quelle société voulons-nous pour demain.

Des questions qui reviennent

Aux questions suivantes, qu’on lui pose tout le temps,

  • Quelles sanctions?
  • Comment contrôler?
  • Quel logiciel de détection utiliser?
  • Quelle faute doit-on contrôler?
  • La prise de parole, la dénonciation?
  • Au nom de quelles valeurs?

Michelle Bergadaà répond par ses propres questions, enracinées dans la logique de la conséquence :

  • Quels veilleurs d’intégrité a-t-on formés dans le respect institutionnel et humain ? Comment les former aux règles à appliquer et à la responsabilité ?
  • Quel comportement intègre dans la pratique de tous les jours ?
  • Comment élaborer un langage commun et une compréhension commune ?
  • Pour quelle Université (avec un grand U) pour demain, avec les nouvelles technologies?

Toutes des questions qui méritent qu’on les débatte collectivement, comme communauté universitaire.

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