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L’IRAFPA, un institut international qui examine la fraude et le plagiat académique

Le 6 février dernier, à l’invitation du le Vice-rectorat aux études, due Vicerectorat à la recherche et aux études supérieures et du Service de soutien à la formation, Michelle Bergadaà, présidente de l’Institut international de recherche et d’action sur la fraude et le plagiat académique (IRAFPA) et professeure à l’Université de Genève a donné une conférence dans laquelle elle a présenté l’IRAFPA et a partagé ses réflexions sur le plagiat et la fraude.

En juin 2016, dans un souci de pérennisation des actions et de la recherche sur le plagiat et la fraude académique, Mme Bergadaà a vu à la création de l’Institut international de recherche et d’action sur la fraude et le plagiat académique (IRAFPA), une association qui se distingue par la transdisciplinarité à tous les niveaux. L’IRAFPA a un bulletin auquel sont abonnées près de 20 000 personnes provenant de 19 disciplines et de 17 pays et dont certaines participent activement au site.

L’objectif de l’IRAFPA est celui que poursuit Michelle Bergadaà depuis 2004, à savoir pacifier les communautés, car le plagiat et la fraude académique ont des impacts à trois niveaux :

  • sur le système organisationnel des institutions, par exemple, dans le processus de recrutement qui est basé sur les CV et dont la valeur est comptée en nombre de publications, si les publications contiennent du plagiat ou autres formes de fraude, il en résulte des injustices.
  • sur le système de publication, les articles les plus cités sont ceux qui ont été retirés des journaux, notamment parce qu’ils sont repris dans des bibliographies qui se répètent pratiquement à l’infini sans qu’il soit possible de les rattraper. L’article d’origine a bien été rétracté mais la manière dont se fait le calcul du facteur d’impact prend en compte les mentions dans les bibliographies.
  • sur toute la société, car si les universités n’endiguent pas la fraude et le plagiat parmi leurs étudiants, ces derniers, une fois diplômés, risquent de reproduire leurs comportements de fraudeurs dans leur vie professionnelle. Selon Mme Bergadaà, il n’y aurait que 20% des dirigeants d’université qui auraient, à ce jour et dans les pays où elle intervient, pris conscience de leur responsabilité sociale académique (RSA) qui nous fait nous poser la question Quelle société voulons-nous pour demain?

En juin 2016, Mme Bergadaà a vu à la création de l’IRAFPA, une association qui se distingue par la transdisciplinarité à tous les niveaux. Intervenir de façon neutre, dans le respect des personnes et avec bienveillance permet souvent d’arrêter le con€it en cours.

Cette dernière question, Michelle Bergadaà la porte depuis au moins 14 ans et c’est en référence à cette croyance que nous sommes responsables et redevables pour tout ce que nous faisons ou ne faisons pas pour le futur que le site collaboratif qu’elle a créé en 2004 porte le nom de Responsable.unige.ch.

L’IRAFPA fait de la recherche conceptuelle et pragmatique, offre des ateliers et des conférences, organise des événements et consacre une grande partie de son temps à réaliser des expertises basées sur la méthodologie développée pour apporter les preuves et à des médiations pour obtenir réparation, toujours dans un but de pacification des communautés.

Méthodologie d’expertise

  1. Rappel de quelques textes officiels
  2. Recours à un logiciel de détection de plagiat (rarement utile, sert à montrer des pistes)
  3. Tableau des sources plagiées et leur mode de citation
  4. Les modes opératoires du plagieur
  5. Reprises textuelles sans masquage élaboré
  6. Procédé de masquage par des techniques simples ou relativement complexes, pouvant se combiner Camouflage recourant à des techniques sophistiquées Appropriation de la pensée/expression d’un auteur de renom Illustration d’un mode opératoire Appropriation de données non littéraires. On relèvera, entre autres :
    • démonstrations, développements, passages formulés dans des langages spécifiques (mathématiques, physique, chimie, etc.)
    • les schémas, courbes, graphiques, tableaux, plans, illustrations, dessins, cartes, photographies, etc.
    • des idées fondamentales exposées sur des posters

Des procédés de masquage comparables à ceux utilisés dans les modes opératoires 1 à 3 peuvent être mis en oeuvre. L’auteur source n’est pas cité.

Méthodologie de médiation

Le principe à la base de la médiation que fait l’IRAFPA est celui de la pacification des communautés. Intervenir de façon neutre, dans le respect des personnes et avec bienveillance permet souvent d’arrêter le conflit en cours. L’IRAFPA fonctionne selon un protocole comportant les phases suivantes :

  1. Établissement des faits avec dates et analyse comparative des textes
  2. Création d’une cellule de médiation comportant des compétences complémentaires, laquelle détermine ce qui constitue le cœur du conflit à traiter en priorité.
  3. Interaction auprès de toutes les parties, mais séparément, pour identifier ce qui les affecte, ce qui les gêne, ce qu’elles espèrent…
  4. Recadrage du cas sur la base des règles non respectées concernant
    • les fondamentaux de notre intégrité scientifique (l’antériorité indéniable de publications, la nonmention d’une première publication avant sa traduction, la non-mention dans le corps du texte qu’il s’agit d’une « traduction-adaptation »…)
    • les fondamentaux de notre déontologie (ne pas informer ses co-auteurs de la parution d’un article commun, ajouter des auteurs invités n’ayant pas contribué, ne pas décider collégialement de la modification de l’ordre des auteurs…)
    • les us et coutumes dans la discipline concernée (par ex., en sciences sociales, l’ordre des auteurs d’une publication est normalement l’ordre alphabétique sauf si la contribution de l’un ou l’autre est significativement différente).
  5. Clôture de la médiation par la reformulation du cœur du problème et l’identification de moyens de réparation, qui souvent se résument à une ou des lettres d’excuses. Illustration de réparation (extrait vidéo)

L’IRAFPA offre également 5 formations, toujours dans le but de préserver le futur des institutions académiques :

  • certification 1 – Médiateur scientifique pour les directeurs d’Écoles doctorales
  • certification 2 – Référents organisationnels pour la mise en place de projets d’établissements intégrés
  • certification 3 – Conduite de commissions d’investigation des cas de fraude ou de plagiat certification 4 – Montage de dossiers de preuves certification 5 – Champions d’intégrité

Enfin, on peut lire plusieurs histoires de cas ici (voir l’encadré Nos analyses à droite de la page Web). Pendant sa conférence, elle a ainsi évoqué le « cas école » qu’elle intitule « Les avalanches »: http://responsable.unige.ch/top/les-cas-ecole/extraordinaire-voyage-observateur.html

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