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Donner des rétroactions qui portent fruit

La qualité de la rétroaction fournie aux étudiantes et étudiants est fréquemment identifiée comme un moyen privilégié pour améliorer l’apprentissage. En ciblant les forces et les faiblesses des travaux rendus ainsi qu’en fournissant des conseils sur la façon d’améliorer la performance, on pourrait croire qu’on offre ainsi à l’étudiant un complément de formation sur mesure qui l’aidera à progresser. Mais qu’en est- il vraiment? Comment s’assurer que le temps et les efforts investis dans la rétroaction aux étudiantes et étudiants en valent réellement la chandelle?

D. Royce Stadler, chercheur spécialisé en évaluation en enseignement supérieur, cible les éléments suivants qui devraient être couverts par une bonne rétroaction et explicitement communiqués à l’étudiant, particulièrement en contexte d’évaluation de capacités plus complexes.

Conformité du travail (compliance)
L’étudiant a-t-il répondu à ce qui était demandé? Un excellent travail ou une très bonne performance pourrait néanmoins être totalement hors champ par rapport à ce qui était demandé.

Qualité du travail (quality)

En quoi le travail évalué se distingue-t-il d’un travail jugé excellent? En pratique, plusieurs étudiantes et étudiants se révèlent incapables de voir ce qui distingue leur réponse d’une autre, jugée meilleure. On ne devrait pourtant pas s’en étonner puisque, contrairement à la plupart des évaluateurs, la majorité des étudiants ne peut juger en fonction des repères que fournit la correction de nombreux travaux similaires par le passé. Cet aspect se révèle particulièrement important dans un contexte où les travaux ne sont pas standardisés.

Dimensions évaluées (criteria)

En quoi le travail témoigne-t-il de la maîtrise (ou non) de certaines dimensions jugées suffisamment importantes pour être évaluées? Certaines de ces dimensions sont simples à cerner (ex : l’orthographe), d’autres peuvent s’avérer plus abstraites, surtout pour des novices (ex : la cohérence, la rigueur, l’efficacité…). Encore là, le manque d’expérience peut rendre ces derniers critères particulièrement difficiles à interpréter par les étudiantes et étudiants qui en prennent connaissance.

Plusieurs étudiants se révèlent incapables de voir ce qui distingue leur réponse d’une autre, jugée meilleure

Pour l’évaluateur, le principal défi en matière de rétroaction consiste à ne pas perdre de vue qu’il porte un jugement basé sur son expérience de correction ainsi que sur son point de vue d’expert du domaine. Or, ses rétroactions seront interprétées par un étudiant qui s’avère plutôt novice et qui n’a donc pas le même bagage à sa disposition. Une attention particulière doit donc être accordée à la façon de formuler la rétroaction, afin que les étudiantes et étudiants puissent décoder et interpréter les commentaires correctement. Il s’agit d’une étape incontournable pour qu’ils puissent ensuite en tirer profit et améliorer leur performance.

Outre le niveau de précision exigé pour s’assurer d’être bien compris, les experts ciblent quelques trucs pour formuler les rétroactions :

  • Les orienter en fonction de la tâche et non en fonction des capacités de l’étudiant.
    Par exemple, remplacer « Bonne capacité de synthèse » par « Les idées essentielles des textes lus ressortent clairement ».
  • Être descriptif et précis dans ses commentaires, plutôt que de porter un jugement d’ensemble. Par exemple, remplacer « Argumentation à revoir » par « La structure du texte nuit à la clarté des arguments et empêche de voir sur quoi s’appuient les conclusions ».
  • Mettre l’accent sur le processus (ce que l’étudiant a fait) plutôt que sur le résultat.
    Par exemple, remplacer « Présentation trop longue » par « Réduire le temps consacré au contexte afin de ramener l’attention sur le projet lui-même ».

Finalement, les experts rappellent l’importance de fournir des rétroactions fréquentes et rapides. Non seulement l’impact sera plus grand si la rétroaction porte sur quelque chose qui est encore frais à l’esprit, mais l’étudiant pourra ainsi réinvestir plus rapidement l’information lors de prochains travaux ou de prochaines performances, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour l’apprentissage.

Sources

Sadler, D.R. (2010), « Beyond feedback: developing student capability in complex appraisal », Assessment & Evaluation in Higher Education, vol. 35, no 5, p. 535-550. (Article consulté le 29 septembre 2017)

Stenger, M. (2014), « 5 Research-Based Tips for Providing Students with Meaningful Feedback », Edutopia, 6 août 2014. (Page consultée le 18 septembre 2017)

Weimer, M. (2012), « Why Doesn’t Teacher Feedback Improve Student Performance? », The Teaching Professor, vol. 16, no 2. (Page consultée le 18 septembre 2017).

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