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Développer les fonctions exécutives : pour favoriser l’inclusion à l’université

es fonctions exécutives jouent un rôle de premier plan chez l’humain pour lui permettre de développer des habiletés de haut niveau.

Définition : Les fonctions exécutives constituent l’ensemble des processus mentaux que met en œuvre une personne pour gérer ses comportements, ses pensées et ses émotions lors d’une situation nouvelle qui nécessite de résoudre un problème pour lequel nos stratégies habituelles et connues ne suffisent pas. […] les fonctions exécutives sont en action dans toutes les situations où il est indispensable pour réussir de devoir s’arrêter, réfléchir, créer une solution originale, puis vérifier si le but est bien atteint. (Institut des troubles d’apprentissage, s.d.)

Que ce soit durant les études universitaires ou au courant de sa vie professionnelle, surmonter ses réactions impulsives à court terme, utiliser des stratégies efficaces pour atteindre ses objectifs, modifier ses stratégies au besoin et être capable de voir son propre progrès sont des exemples de comportements qui sont soutenus par les fonctions exécutives.

Les enseignantes et enseignants universitaires n’abordent généralement pas ces processus cognitifs dans leur travail avec les étudiantes et les étudiants. Pensent-ils que ce n’est pas leur rôle? Croient-ils qu’il est trop tard pour agir sur ces comportements? En réponse à ces questions, rappelons que le cerveau humain est en développement jusqu’à l’âge de 25 ans. La dernière partie du cerveau à se développer est le cortex préfrontal, le siège des fonctions exécutives. En somme, retenons qu’il est très pertinent en enseignement universitaire de soutenir la consolidation des fonctions exécutives. Pour ce faire, la conception universelle de l’apprentissage (CUA) propose plusieurs pistes. En voici quelques-unes.

Aidez vos étudiants à appréhender les objectifs à atteindre

Que l’on soit aux études ou en pratique professionnelle, nous nous fixons constamment des objectifs qui nous guident vers l’aboutissement de nos projets. L’enseignante ou l’enseignant universitaire peut aider ses étudiantes et étudiants en proposant des outils d’accompagnement qui serviront à tous. Ces outils seront particulièrement utiles pour les personnes qui ont fait leurs études antérieures dans un contexte où l’autonomie était moins valorisée qu’elle ne l’est dans notre contexte nord-américain.

  • Aidez l’étudiante ou l’étudiant à définir son objectif de travail. Dans le cas d’une production complexe par exemple, fournissez une liste des étapes du processus à traverser. Celle-ci pourra aussi aider des étudiantes et étudiants à estimer l’effort à investir pour atteindre l’objectif final;
  • Fournissez des consignes claires pour les travaux à réaliser en fonction des objectifs d’apprentissage définis. Assurez-vous qu’ils soient bien compris de tous.
  • Vous pouvez fournir un exemple (ou plusieurs) de réalisations des années passées (avec la permission de l’auteure ou de l’auteur, bien sûr, même si la copie est anonymisée).
Ayez un parti pris pour les stratégies efficaces

Stratégies de planification

Une fois qu’il a défini son objectif, une apprenante ou un apprenant efficace planifie les stratégies pour l’atteindre. Dans le cas d’une personne peu expérimentée, l’étape de la planification est remplacée le plus souvent par du tâtonnement et par une succession d’essais-erreurs infructueux. Vous pouvez aider vos étudiantes et vos étudiants à planifier de manière stratégique en les incitant à réfléchir aux étapes de planification, notamment en fournissant les étapes à parcourir, mais aussi par d’autres moyens comme ceux-ci… 

  • en leur fournissant un modèle de planification (étapes pour résoudre un problème mathématique; arbre décisionnel pour définir des priorités d’action; guide de lecture de textes scientifiques, etc.) et surtout en les entraînant  à l’utiliser:   
  • en aidant les étudiantes et les étudiants à identifier des objectifs intermédiaires qui seront plus facilement accessibles dans le cas où un objectif à long terme est en jeu.
  • en fournissant un encadrement qui valorise le processus de planification. Par exemple, offrez une rétroaction sur la présentation d’un plan, d’esquisses ou d’une carte conceptuelle du projet.
  • en expliquant des exemples de réalisation (années antérieures) ou – encore mieux! – en leur montrant des traces de son développement.
  • en encourageant le recours à des pairs plus expérimentés qui aideront vos étudiantes et étudiants en communiquant leurs stratégies de planification efficaces (Centre d’entraide à l’étude par les pairs).

Stratégies d’organisation de l’information  

Une des limites de l’humain est imposée par la limitation de sa mémoire de travail. La mémoire de travail agit un peu comme un bloc-notes qui permet de rendre accessibles des informations à court terme, soit pour la compréhension d’une situation précise, soit pour la résolution d’un problème. Cette mémoire est limitée pour tous, mais elle peut l’être davantage pour certaines personnes, notamment pour celles qui ont un trouble d’apprentissage ou un trouble cognitif. Cette limite est invisible du point de vue de l’enseignante ou de l’enseignant et il peut arriver que ce type d’étudiantes ou d’étudiants vous semble désorganisé ou distrait, manquer de détermination ou faire preuve de de mauvaise volonté.  Ce n’est pas toujours le cas et la bonne nouvelle est que vous pouvez aider ces étudiantes et étudiants à organiser l’information.

  • Fournissez un guide de prise de notes pour soutenir celle-ci durant les cours.
  • Fournissez un guide de lecture pour chaque texte à lire, ce qui facilitera l’organisation de l’information.
  • Encouragez vos étudiantes et étudiants à créer une page aide-mémoire sur le contenu qui a été vu.  Il s’agit d’un excellent moyen pour favoriser l’organisation de l’information.
  • Encouragez l’usage de cette page aide-mémoire durant les examens.
  • Invitez vos étudiantes et étudiants à systématiser leur démarche de résolution de problèmes et prenez le temps d’en discuter avec eux.

L’autoévaluation doit faire partie de l’« équation rétroaction »

La rétroaction fait partie des conditions essentielles à l’apprentissage. La personne qui apprend a besoin du reflet extérieur pour reconnaitre ses avancées. Si elle ignore les points qu’elle doit améliorer, si la rétroaction est absente ou si elle se fait trop attendre, la personne ne saura pas où mettre ses efforts pour s’améliorer et elle risque de stagner. L’enseignante ou l’enseignant doit, bien sûr, offrir de la rétroaction à ses étudiantes et étudiants, mais il doit aussi tout mettre en œuvre pour que qu’ils apprennent graduellement à voir par eux-mêmes leurs progrès. Voici quelques outils qui peuvent faciliter l’autonomie étudiante sur ce plan.

  • Ayez recours à une grille d’évaluation critériée à échelle descriptive et assurez-vous que les étudiantes et étudiants l’utilisent pour s’autoévaluer et s’évaluer entre pairs.
  • Si vous montrez des réalisations des années antérieures, faites-les évaluer par vos étudiantes et étudiants avec la grille d’évaluation critériée, partagez vos annotations et vos commentaires ensuite.
  • Guidez l’autoévaluation par un questionnement réflexif sur la construction de ses apprentissages.
  • Encouragez l’usage de moyens diversifiés pour la communication de l’autoévaluation des progrès (vidéo, discussion critique, jeux de rôle, caricature)

Comme vous avez pu le constater, l’appui à la consolidation des fonctions exécutives au niveau universitaire passe par le développement d’outils à l’intention des étudiantes et des étudiants. Ces outils seront utiles pour un certain nombre d’entre eux, alors que d’autres n’en auraient peut-être pas besoin pour réussir.  Cependant, pour ceux et celles chez qui ce besoin est bien présent, ces outils faciliteront l’atteinte de leur autonomie et pourront faire la différence dans leur cheminement vers la réussite.

Sources

CAST. (2018)The UDL Guidelines. Consulté le 7 février 2020

Institut des troubles d’apprentissage. (s.d.). Le point sur les fonctions exécutives. Consulté le 12 février 2020

LA, H., DYJUR, P. et BAIR, H. (2018). Universal Design for Learning in Higher Education. Taylor Institute for Teaching and Learning, University of Calgary. Consulté le 7 février 2020

Références complémentaires

Projet PCUA. (s.d.) Les applications pédagogiques de la conception universelle de l’apprentissage. Consulté le 7 février 2020

Université de Sherbrooke. (2019). Programme d’appui à la pédagogie selon une approche inclusive. Sherbrooke, Canada : Service de soutien à la formation. Consulté le 7 février 2020

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