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Vos étudiants font-ils les lectures obligatoires?

J’entends déjà un «non» retentissant. Vous n’êtes pas seul. C’est une situation qui se répète dans beaucoup de classes de niveau universitaire et les solutions pour amener les étudiants à lire les textes demandés ne sont pas évidentes. Plusieurs enseignants utilisent le quiz pour vérifier que les lectures ont bien été faites. Mais il existe certains aménagements qui peuvent parfois minimiser les réticences des étudiantes et étudiants.

Pourquoi les étudiants ne font-ils pas les lectures demandées?

Quand les étudiantes et étudiants qualifient les lectures d’ennuyeuses, ils veulent dire qu’elles leur paraissent difficiles et qu’elles demandent du temps. À l’évidence, les habiletés en lecture de certains étudiants laissent à désirer. Plusieurs ne maîtrisent pas des stratégies comme extraire les informations clés d’un texte, survoler le texte avant de le lire, etc.

Pour la majorité des étudiants, le problème se situe au niveau de la complexité du texte et du vocabulaire utilisé. Si le texte porte sur de nouveaux concepts, ils doivent être capables de rattacher ces concepts à d’autres concepts vus préalablement.

Il faut vérifier la quantité de lectures demandées à l’étudiant dans le cours, mais aussi dans l’ensemble du programme. Si elle est raisonnable, il faut aborder la question avec les étudiantes et étudiants en leur expliquant ce qui a mené au choix de ces textes et ce que leur en apportera la lecture.

D’autres étudiants ne liront pas parce qu’ils savent que le formateur reviendra sur les points importants dans le cours. Voilà pourquoi les textes doivent être un complément au cours et non un résumé du cours à venir. Ces lectures doivent également être nécessaires pour atteindre les objectifs du cours.

Quelles stratégies pourraient inciter les étudiants à lire?

Stratégie 1 : préparer les lectures

  • S’assurer de la pertinence des textes. Est-ce que chacun des textes peut être clairement relié à un objectif du cours ou à une leçon particulière?
  • Limiter les textes à ce que l on considère comme essentiel. On aimerait que l étudiant développe le goût de lire sur le sujet, mais il ne faut pas trop miser là-dessus. On pourra fournir une bibliographie annotée pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le sujet.
  • Avoir une bonne idée des buts recherchés en imposant ces lectures. S’agit-il de permettre aux étudiantes et étudiants d’apprendre de l’information factuelle, d’analyser certaines situations en fonction de certains paramètres, de faire des liens entre certains concepts, etc.?
  • Formuler des consignes liées à la lecture des textes en fonction des buts recherchés. Ainsi l’étudiant comprendra mieux la raison d’être de cette lecture.

Stratégie 2 : préparer les étudiants

  • Répéter l’importance des textes dans votre présentation d’ouverture. N’hésitez pas à revenir sur ce point aux cours subséquents afin de bien faire comprendre aux étudiantes et étudiants l’importance que vous accordez à ces lectures.
  • Effectuer un survol du manuel en début de session et indiquer certaines particularités telles que la mise en page, les capsules informatives, les chapitres correspondant aux différentes leçons, etc.
  • Prendre quelques minutes à la fin du cours pour expliquer la pertinence des lectures à faire pour la semaine suivante. Situer le texte à lire dans l’ensemble du cours. En profiter pour expliquer quelques concepts plus complexes utilisés dans le texte.
  • Fournir une ou deux questions qui guideront les étudiantes et étudiants dans leurs lectures.

Stratégie 3 : impliquer les étudiants

  • Prévoir un réinvestissement de la lecture pendant le cours. Le seul fait de lire ne fait pas en sorte que l’étudiant ait intégré les concepts. Il doit réutiliser ce qu’il a lu.
  • Faire référence à la lecture au fur et à mesure du déroulement de la leçon en posant des questions aux étudiantes et étudiants ou en leur demandant d’expliquer certains concepts tirés de la lecture. Dans certains cas cependant, soit personne ne veut répondre, soit la plupart des étudiants n’ont pas lu le texte.
  • Demander alors aux étudiantes et étudiants de lire ce qu’ils ont surligné. Cela mettra en évidence un élément qu’ils trouvent important, un élément qui est relié à des connaissances préalables ou encore quelque chose qu’ils n’ont pas compris. Le formateur pourra ainsi commenter, rectifier ou expliquer les extraits fournis par les étudiantes et étudiants. Il n’est pas nécessaire de répéter cet exercice pour chacune des lectures, mais si on le fait à intervalle régulier, l’étudiant sera sans doute plus attentif à ce qu’il lit et à ce qu’il surligne!

D’autres stratégies exigent un peu plus de temps, mais peuvent amener l’étudiant à exploiter ses lectures en profondeur.

  • Demander aux étudiantes et étudiants de schématiser les idées d’un texte ou d’un ensemble de textes.
  • Former des groupes de lecture dans lesquels un petit nombre d’étudiants reçoivent les mêmes textes et les lisent, puis en discutent. Ils doivent ensuite les expliquer aux autres étudiants qui eux ont reçu une autre série de textes à lire.

Parfois, un petit ajustement dans les consignes et les façons de faire peuvent faire toute la différence et encourager les étudiantes et étudiants à faire les lectures demandées. En espérant que c’est ce qui se produira dans votre classe!

Ressources

Dubé, Dominique, «Stratégies d’apprentissage : la lecture», Centre d’aide aux étudiants, Université Laval, 2005 [consulté le 10 janvier 2012].

Faculty Focus,  11 strategies for getting students to read what’s assigned (Special Report), Magna Publications, juillet 2010, 15 p.

Nilson, Linda B., «Getting students to do the readings», section Higher Education Best Practices, site web de la National Education Association, 2007 [consulté le 10 janvier 2012].

Services à la vie étudiante, «Méthodes de lecture», dans la section «Soutien à l’apprentissage» du site des SVE, Université de Sherbrooke [consulté le 10 janvier 2012].

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