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Au pays des cMOOC : expérimenter les «autres MOOC»

Si les divers MOOC proposés par de grandes universités américaines et leurs entreprises partenaires (Coursera, Udacity, edX) nous interpellent par leur grande accessibilité et leurs cohortes imposantes, ils ne révolutionnent pas précisément la manière d’enseigner en ligne. En parallèle, les MOOC d’inspiration connectiviste (qu’on appelle cMOOC pour les distinguer des premiers, qualifiés de xMOOC) ont des velléités de changer en profondeur la manière d’apprendre. Pas d’objectif pédagogique ou d’ordre séquentiel imposé par le formateur, des contenus libres d’accès développés et mis en réseau tant par les participants que par les initiateurs du cMOOC… On est vraiment ici dans un monde différent.

L’automne dernier, deux membres de la cellule de veille du Service de soutien à la formation ont eu envie de découvrir l’envers du décor et se sont inscrits à deux «évènements» informels de type cMOOC. Ils souhaitaient les découvrir de l’intérieur, en mieux comprendre le fonctionnement et tenter d’évaluer leur potentiel pour enrichir l’enseignement et l’apprentissage.

Voici un compte-rendu non exhaustif de leurs observations.

Ce que nous avons réalisé en participant à ces cMOOC

Nous avons…

  • assisté (plus ou moins régulièrement) à des séances synchrones sur des sujets en lien avec nos intérêts et champs d’intervention respectifs, avec la possibilité de revoir ces activités en mode différé;
  • produit différents documents (par l’entremise des plateformes suggérées : blogue personnel, carte conceptuelle, wikis, échanges de favoris, etc.);
  • identifié des individus partageant des expertises et intérêts communs;
  • bâti un incroyable corpus de ressources, lectures et liens référant à des cadres conceptuels, des pratiques d’enseignement encourageant un apprentissage actif chez l’apprenant et des outils soutenant nos interventions en soutien à l’enseignement.

Ce que nous avons appris des cMOOC

  • Ils permettent une multiplicité d’objectifs d’apprentissage, puisque chaque apprenant est invité à identifier les siens et à explorer ce qui l’interpelle davantage.
  • Ils exigent beaucoup d’autonomie, une discipline de travail et une maturité d’apprenant supérieures à la moyenne, ainsi qu’une tolérance à l’absence de structure formelle dans le déroulement de certaines activités d’apprentissage où l’exploration libre est encouragée.
  • Ils permettent la construction-déconstruction-reconstruction des contenus du cours selon les objectifs d’apprentissage que chacun des apprenants se fixe (voir l’article sur les environnements d’apprentissage personnels dans un numéro précédent).
  • Ils transforment la façon d’apprendre, puisque chacun des participants est à la fois apprenant et guide auprès de ses pairs.
  • Ils rendent flous les contours du «cours» (qui est participant? qui est «auditeur libre»? quel contenu est «officiel»? etc.).
  • Ils mettent en situation potentielle d’infobésité.
  • Ils peuvent initier un processus d’apprentissage tout au long de la vie.

Caractéristiques

Voici un tableau comparatif des MOOC auxquels nous étions inscrits.

Titre du cMOOCCurrent/Future State of Higher Education: An Open Online Course (CFHE12) (Malheureusement, au moment de publier, le site semblait éprouver des difficultés.)Internet Tout y est pour apprendre (ITyPA)
Initiateurs– Stephen Downes, chercheur, Conseil national de recherches du Canada

– George Siemens, professeur, Université d’Arthabaska

– Dave Cormier, gestionnaire TIC, Université de l’Île-du-Prince-Édouard
– Anne-Céline Grolleau, ingénieure pédagogique, PEDATICE

– Christine Vaufrey, formatrice et rédactrice en chef, Thot-Cursus

– Jean-Marie Gilliot, enseignant-chercheur, Télécom Bretagne)

– Morgan Magnin, maître de conférences, École centrale de Nantes
SoutienDifférents grands commanditaires (incluant la Bill & Melinda Gates Foundation, EDUCAUSE et plusieurs autres)Initiative personnelle
CalendrierDu 8 octobre au 18 novembre 2012Du 4 octobre au 13 décembre 2012
Durée6 semaines10 semaines
ParticipantsIl n’a pas été possible de connaître le nombre d’inscrits, mais près d’une centaine d’étudiants étaient plus actifs (rédaction d’un blogue, etc.). Les discussions Twitter provenaient de 489 comptes différents.Environ 1400 inscrits; 250 visites quotidiennes sur le site du cours (les chiffres ne disent pas tout en regard de ce type de cours)
Objectif généralRéfléchir aux éléments liés à la gestion du changement dans les institutions universitairesExplorer comment (façons, techniques, etc.) on peut apprendre avec Internet
Thématiques abordées– Les pressions : quelles sont les influences en enseignement supérieur

– Pédagogie et Internet : nouveaux modèles pour l’enseignement et l’apprentissage

– Esprit d’entreprise en éducation

– Analytiques et données

– Leadership en éducation

– Portrait de l’enseignement supérieur dans le monde

– La recherche distribuée : nouveaux modèles d’enquête
– Qu’est-ce qu’un MOOC participatif?

– Qu’est-ce qu’un environnement numérique d’apprentissage?

– Recherche et veille documentaire

– Les réseaux sociaux

– Les communautés de pratique

– Autoformation et formation continue
DéroulementUne thématique de départ a été proposée pour lancer les échanges (concernant la gestion du changement en milieu universitaire).

Par la suite, les thématiques se sont précisées en fonction des rétroactions obtenues de la part des participants et des tendances observées par les animateurs de la formation.
– Semaine 1 : Introduction

– Semaine 2 : L’environnement d’apprentissage personnel, à construire ensemble

– Semaine 3 : Diriger soi-même sa formation

– Semaine 4 : Recherche et veille documentaire

– Semaine 5 : Partage d’expériences autour de la recherche documentaire

– Semaine 6 : Apprentissage social

– Semaine 7 : Découvrons les communautés qui nous entourent

– Semaine 8 : Construire son réseau social en ligne pour apprendre

– Semaine 9 : Partage d’expériences

– Semaine 10 : Les MOOC, pour la formation tout au long de la vie
Ressources– Plateforme du MOOC

– Forums de discussion

– Webinaires (18 en tout, horaire aléatoire), utilisant différentes plateformes

– Utilisation des médias sociaux (Twitter)

– Courriel quotidien

– Lectures, activités de recherche, partage de ressources (hyperliens, objets d’apprentissage), travail collaboratif (base de connaissance soutenue par un wiki)
– Site web

– Forums de discussion

– Séances synchrones  (une fois par semaine, à date fixe)

– Lettre de diffusion hebdomadaire

– Lectures, activités de recherche, production, partage de ressources et d’expériences, etc.
OutilsPlateforme Desire2Learn, Blackboard Collaborate, Elluminate, Diigo, TwitterPlateforme et outils ouverts (Drupal, YouTube, Google+ Hangouts, Twitter, WordPress, etc.)
ÉvaluationAucune évaluation ni certification associées à ce coursAucune, mais chaque participant est invité à faire un bilan personnel de ses apprentissages.

Ce que d’autres en disent

MOOC ITyPA

Djami, «Bilan de mes compétences itypiennes», MoocdeDjami (blogue personnel), 11 décembre 2012.

Gruet, Isabelle, «MOOC : question représentations», itypapossible, 22 décembre 2012.

Gruet, Isabelle, «Bilan de mon MOOC ITyPA» (carte mentale), [consultée le 18 janvier 2013].

Marquestaut, Christophe, «Mon bilan champêtre», Neur-on (blogue personnel), 7 janvier 2013.

MOOC CFHE12

Apostolos, K., «HCI Course Done!», Multilitteratus Incognitus (blogue personnel), 20 novembre 2012.

Downes, Steven, «Edfuture participants Feeds» (blogues, fils Twitter, etc.), site du cours CFHE12, mis à jour 26 décembre 2012.

Hawksey, Martin, CFHE12 Analysis: Summary of Twitter activity, 26 novembre 2012.

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