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Avantages UdeS : pour faire passer les études 2e-3e cycles en vitesse supérieure

Entrevue du vice-rectorat à la recherche et aux études supérieures

Dans le cadre de ce numéro spécial sur les études supérieures, Perspectives SSF a rencontré les professeurs Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures, et Jean-Pascal Lemelin, vice-recteur adjoint à la recherche et aux études supérieures. Nous voulions, notamment, savoir quelles étaient les suites du forum sur l’encadrement tenu le 6 septembre 2018 au Centre culturel. Rappelons que…

« [r]éunis en plusieurs sous-groupes hétérogènes, les [70] participantes et participants [étudiantes et étudiants, professeures et professeurs, membres des vice-décannats recherche, etc.] ont formulé plusieurs commentaires et suggestions qui permettront d’alimenter les travaux du Groupe de travail sur la persévérance et la durée des études au cours de l’année académique 2018-2019. » (Extrait du procès-verbal, Conseil des études, 19 septembre 2018)

Quelles ont été ces suggestions? Où en sont les travaux du Groupe de travail? Que peut-on faire pour bonifier les études supérieures à l’UdeS?

Vers Avantages UdeS

D’entrée de jeu, le vice-recteur Perreault rappelle qu’« Oser transformer [thème de la Planification stratégique 2018-2022], c’est d’abord oser se remettre en question ». L’Université de Sherbrooke jouit d’une très bonne réputation au baccalauréat. Est-il possible de faire la même choses pour la maîtrise et le doctorat afin d’attirer des étudiantes et étudiants de haut niveau? L’objectif de la démarche entreprise est d’augmenter l’attractivité des études supérieures recherche, notamment en en réduisant la durée. Selon les mots du vice-recteur, il s’agit d’un « problème complexe » qui appelle un « éventail de solutions ». L’initiative appelée Avantages UdeS consiste en une série de mesures pour améliorer l’expérience des études supérieures recherche, entre autres : un programme de bourses d’excellence, une redéfinition de l’encadrement, des comités de mentorat, le développement de compétences transversales, des occasions d’expériences interdisciplinaires et des guides personnalisés pour chaque étudiant aux cycles supérieurs.

Pr Jean-Pierre Perreault

Jean-Pierre Perreault en est convaincu : l’allongement des études supérieures recherche concerne tout le monde. D’une part, le marché de l’emploi est séduisant pour les finissants du bac : si les études supérieures recherche leur semblent trop longues, ils auront moins tendance à s’y inscrire. D’autre part, des études plus longues exercent une pression sur la capacité d’accueil des professeurs et sur les taux de réussite des étudiants. On voudrait donc ramener les études de maîtrise de 3,4 à 2,6 ans et les études doctorales d’une durée de 5,7 ans à 5 ans.

Une des façons de réduire la durée des études, c’est le nouveau programme de bourses d’excellence institutionnelles pour lequel le vice-rectorat a servi de catalyseur. Ce programme permettra aux étudiantes et étudiants récipiendaires d’obtenir 10 000$/ année pour 2 ans à la maîtrise et 15 000$/ année pour 3 ans au doctorat. Il s’agit d’un exceptionnel levier, d’un tremplin pour obtenir des bourses des organismes subventionnaires externes provinciaux et fédéraux, rappelle Jean-Pascal Lemelin. En dégageant les étudiantes et étudiants de certaines obligations financières, on fait le pari qu’ils pourront se consacrer davantage à leurs études, ce qui pourra contribuer à en réduire la durée. Ce programme institutionnel de bourses s’Inscrit en complémentarité des programmes de soutien des facultés. Ensemble les différents programmes représentent un investissement supérieur à 5M$ en 2018-2019.

Pr Jean-Pascal Lemelin
Définir et assurer collectivement l’encadrement

Le Groupe de travail sur la persévérance et la durée des études a notamment retenu une définition institutionnelle commune de l’encadrement aux études supérieures, qui va au-delà de la simple relation entre un étudiant et un professeur qui le dirige. Cette vision, où chaque partie prenante joue un rôle dans l’encadrement, offre la flexibilité nécessaire au respect de la couleur des divers programmes.

Définition commune de l’encadrement à l’Université de Sherbrooke

Ensemble de conditions scientifiques, interpersonnelles, techniques, financières, administratives et institutionnelles favorisant la réussite des études et le développement de l’autonomie intellectuelle, scientifique et professionnelle requise par les programmes de grade de 2e ou de 3e cycle qui exigent la réalisation d’une production de fin d’études (essai, essai doctoral, mémoire, thèse, rapport de stage, rapport d’intervention, création artistique, portfolio) sous la direction d’une professeure, d’un professeur.

L’encadrement repose sur une organisation collective qui appartient aux directions d’études ou de recherche, aux étudiantes et étudiants, aux directions de département ou de faculté et à l’institution dans laquelle chaque acteur s’engage, à son niveau, à la création d’un environnement intellectuel, scientifique ou artistique riche, diversifié et bien structuré. C’est une responsabilité partagée.

En plus du vice-recteur et du vice-recteur adjoint, le Groupe de travail sur la persévérance et la durée des études est composé des vice-doyennes et vice-doyens à la recherche et aux études supérieures des huit facultés : les professeures et professeurs Thérèse Audet, Dorothée Boccanfuso, Abdelkrim Hasni, Alain Delisle, Patrick Mignault, Pierre Labossière, Patrick Fournier et Nathalie Rivard. Y siègent aussi Sandra Boissé, conseillère en communications au Bureau de la registraire, Frances Desrochers, agente de recherche, ainsi que Katia Beaudry et Nicolas Delisle-Godin, représentante et représentant du REMDUS. 

Des comités de mentorat sous l’égide des étudiantes et étudiants

En cohérence avec cette conception de l’encadrement comme une responsabilité partagée, on vise la généralisation des « comités de mentorat », déjà en place dans certaines facultés. Il s’agit de rencontres annuelles, dirigées par l’étudiante ou l’étudiant, qui réunissent ce dernier avec sa directrice ou son directeur de recherche et une tierce personne, généralement une ou un autre professeur du programme. Elles sont l’occasion de discuter non seulement de l’avancement du projet de recherche de l’étudiante ou de l’étudiant mais plus globalement de son cheminement académique, de sa situation personnelle, de ses réalisations, de ses perspectives professionnelles : à quelle conférence elle ou il pourrait assister, qui travaille sur des problématiques complémentaires, etc. Si le Congrès du REMDUS a voté unanimement en faveur de tels comités en février 2019, l’expression « comité d’encadrement » était mal reçue par les étudiants qui y voyaient un examen de synthèse annuel. Ils ont donc été renommés « comités de mentorat ». D’ailleurs, ces rencontres n’ont pas de but administratif, elles visent essentiellement à mieux baliser les parcours de recherche par des rendez-vous annuels pour faire le point.

Développer les compétences transversales et multidisciplinaires

L’Université peut s’enorgueillir de son Centre universitaire d’enrichissement de la formation à la recherche (CUEFR), qui permet aux futurs chercheuses et chercheurs de développer des compétences en communication et en rédaction, en propriété intellectuelle, en entreprenariat, etc. Cependant, le CUEFR demeure une ressource encore sous-utilisée et trop peu connue des étudiantes et étudiants, voire des professeures et professeurs. Pour remédier à cette situation, un nouveau protocole d’entente impliquant les huit facultés de l’Université amènera le CUEFR à redéfinir son offre de formation. À la suite d’un sondage sur les besoins en compétences transversales réalisé par le CUEFR auprès des diplômés, les activités pédagogiques seront revues pour être plus ciblées et plus courtes, voire offertes en mode hybride. Différentes facultés pourraient offrir des cours déjà existants au CUEFR, ce qui leur permettrait de compléter des groupes et d’offrir des activités qui auraient été difficiles à combler autrement. On réfléchit même à changer le nom du Centre pour qu’il soit plus facile à identifier.

Si le caractère transversal des activités pédagogiques offertes par le CUEFR permet de passer outre les silos disciplinaires, tous les centres de recherche touchent à la multidisciplinarité d’une façon ou de l’autre. Dans le cadre d’Avantages UdeS, on veut créer de réelles opportunités interdisciplinaires pour les étudiantes et les étudiants des cycles supérieurs afin de bonifier leur formation. D’une part, on pense que les tierces personnes des comités de mentorat pourraient provenir de départements, voire de facultés autres que celle de la directrice ou du directeur de recherche. À terme, on pourrait voir apparaître des séminaires interdisciplinaires ou des cheminements partagés… Jean-Pierre Perreault soulève une question audacieuse : Serait-il possible pour une étudiante ou un étudiant d’aller chercher des crédits de recherche dans d’autres facultés? D’autre part, la multiplication de nouvelles activités institutionnelles en lien avec la recherche, comme les Grandes conférences de l’UdeS, sont autant d’occasions de s’ouvrir à d’autres disciplines. Le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures et son vice-recteur adjoint souhaitent d’ailleurs que les étudiantes et étudiants profitent de la venue de l’ACFAS à l’Université de Sherbrooke en mai 2020 pour aller écouter des communications et voir des affiches dans des domaines autres que le leur.

À chacun son guide

Les étudiantes et étudiants sentent souvent qu’ils manquent d’information sur les étapes du parcours de formation en recherche. Pourtant, l’information est très souvent disponible. Dans les facultés, on convient que les renseignements sont tellement abondants et morcelés que beaucoup d’information passe inaperçue. D’où l’idée de produire un guide personnalisé, adapté à chaque étudiante et étudiant aux cycles supérieurs en recherche. Ce guide intègrera toutes les dates limites, de même que des références aux diverses ressources disponibles pour cet étudiant dans un programme donné. D’avoir toutes ces données en un seul endroit ouvrira un éventail de possibilités aux étudiants, leur présentant un parcours « à la carte », sans qu’il soit unique. À terme, on aimerait que ce guide se retrouve dans le nouveau portail étudiant en ligne.

Face à une génération d’étudiantes et d’étudiants plus exigeante, face au déclin démographique, le seul fait de partager l’expertise des uns et des autres constitue déjà une façon de bonifier la qualité des études supérieures à l’UdeS: « Partager les bonnes pratiques, entre autres sur l’encadrement, permet de les rehausser », explique Jean-Pierre Perreault. Il donne l’exemple d’un département qui avait développé une liste de contrôle (checklist) des étapes à réaliser avant de diplômer et que d’autres ont depuis adaptée et reprise. Le vice-rectorat à la recherche et aux études supérieures est même prêt à examiner des pratiques de recherche qui divisent comme le mémoire ou la thèse par articles… Il en a justement été question lors du dernier Conseil de la recherche. Il y a des « pour » et des « contre », mais c’est en les mettant sur la table que l’UdeS améliorera la notoriété de ses études supérieures.

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