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Compétences informationnelles chez les enseignants et les étudiants de l’UdeS

Premiers résultats d’une recherche sur les stratégies de créacollage numérique

Les premiers résultats de cette enquête sur les stratégies de créacollage numérique ont été présentés à la dernière activité du Mois de la pédagogie universitaire en avril qui s’intitulait « Histoires de pêche : au-delà du réflexe Google ».
Photo : Pixabay

À l’instar de cinq autres universités québécoises, l’Université de Sherbrooke a participé à l’automne et à l’hiver derniers à une enquête (subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada à hauteur de 200 000 $) visant à comprendre comment le numérique a changé la réalisation des travaux universitaires de 1 er cycle. Selon les données sur le taux de participation, nos étudiantes et étudiants de 1 er cycle composent 22 % de l’échantillon et nos enseignants, 56 %.

Les premiers résultats de cette enquête sur les stratégies de créacollage numérique ont été présentés lors de la dernière activité du Mois de la pédagogie universitaire : Histoires de pêche : au-delà du réflexe Google. En effet, la professeure de l’Université du Québec en Outaouais Martine Peters, investigatrice principale du projet de recherche, a clos la série d’ateliers de la journée en donnant les résultats de l’Université de Sherbrooke pour huit questions portant essentiellement sur les compétences informationnelles.

Les deux premiers chiffres permettent de voir que les étudiants et les enseignants ne sont pas du tout en phase. Au contraire :

  • 95 % des étudiants s’attendent à approfondir leurs compétences informationnelles (recherche d’information, formuler des mots clés, utiliser des moteurs de recherche, etc.) pendant leurs études universitaires.
    Curieusement, bien qu’ils s’attendent à approfondir leurs compétences informationnelles à l’université, les étudiantes et étudiants sont en général satisfaits à 88 % des résultats obtenus lors de leurs recherches d’information.
  • 90 % des professeurs et chargés de cours s’attendent à ce que les étudiants aient développé suffisamment leurs compétences informationnelles (recherche d’information, formuler des mots clés, utiliser des moteurs de recherche, etc.) pendant leurs études préuniversitaires pour être fonctionnels à l’université.
    Deux enseignants ont toutefois émis quelques réserves :
    • « Je pense qu’on fait fausse route en pensant que c’est acquis pour eux quand ils arrivent dans le bac. » (prof 40)
    • « Ils sont moins doués qu’on le pense. On pense que c’est la génération Internet, mais en dehors de Facebook, ils ne sont pas nécessairement très habiles. Je dois leur montrer où aller chercher. » (prof 44)

La recherche dans différentes sources d’information selon le travail demandé est entrée dans les mœurs étudiantes et leur intégration dans les travaux fait partie désormais de ce que le personnel enseignant exige.

  • 95 % des étudiants cherchent dans différentes sources d’information selon le travail demandé (blogues, articles scientifiques ou professionnels, vidéos, capsules audio, pages web, etc.).
  • 83 % des enseignants exigent différentes sources d’information selon le travail demandé (blogues, articles scientifiques ou professionnels, vidéos, capsules audio, pages web, etc.).
    • C’est ce que confirme ce professeur en entrevue : « Ça va dépendre des activités. Moi, souvent, je vais leur dire : “Ça ne peut pas juste reposer sur des journaux, par exemple, ou d’opinions”. Je vais souvent demander de varier leurs sources : des articles, des livres, des sites web, et beaucoup de rapports PDF qu’on trouve sur les sites des organismes reconnus. » (prof 40)

Par contre, il y a encore du travail à faire pour que le recours aux moteurs de recherche web spécialisés soit généralisé. En effet, seulement un étudiant sur deux utilise ces moteurs et seulement deux enseignants sur cinq mentionnent leur existence à leurs étudiants.

  • 51 % des étudiants utilisent pour leurs recherches d’informations un moteur de recherche web spécialisé en littérature académique (ex. Google Scholar, Microsoft Academic Search, etc.); alors que
  • 40 % des enseignants mentionnent à leurs étudiants du 1 er cycle ces moteurs de recherche web spécialisés.

Le recours aux ressources électroniques de la bibliothèque connaît un sort similaire au recours à des moteurs de recherche spécialisés :

  • 53 % utilisent pour leurs recherches d’informations les ressources électroniques de la bibliothèque (catalogue et base de données); alors que les enseignants sont partagés entre les mentionner rarement, occasionnellement ou souvent, voire toujours. En entrevue, un professeur a tenu ces propos, pour le moins surprenants :

P : Je suis à peu près convaincu qu’aucun d’entre eux s’imagine qu’à la bibliothèque, on a des bibliothécaires qui peuvent les aider à chercher intelligemment…

I : Est-ce que vous les envoyez à la bibliothèque?

P : En fait, non! Pour le moment, je n’ai pas eu… je dirais, je n’ai pas eu l’occasion de l’expliquer. (prof 39)

Les logiciels et les applications pour compiler les sources ou pour partager les sources d’information sont encore très peu utilisés par les étudiants et leur utilisation pour partager des sources est également peu encouragée par les enseignants :

  • 18 % des étudiantes et étudiants utilisent durant leur recherche d’information un logiciel ou une application pour compiler les sources et les copiés/collés (Evernote, OneNote, Diigo, etc.).
  • 24 % des enseignants encouragent leurs étudiants du 1 er cycle à partager leurs sources d’information avec leurs pairs sur un site web (Moodle, Diigo, Delicious, etc.) ou avec un logiciel (Evernote, Onenote, etc.).

Le sondage comportait beaucoup d’autres questions, notamment sur les compétences rédactionnelles et de référencement documentaire et sur le plagiat. Les résultats seront présentés ultérieurement, après leur analyse. Martine Peters a tout de même donné deux résultats qui font état du même écart entre les attentes des étudiants et des enseignants, cette fois-ci en ce qui a trait aux compétences rédactionnelles :

  • 97 % des étudiantes et étudiants s’attendent à approfondir leurs compétences rédactionnelles (rédiger, corriger, réviser, citer et paraphraser) pendant leurs études universitaires.
  • 93 % des professeurs et chargés de cours s’attendent à ce que les étudiants aient développé suffisamment leurs compétences rédactionnelles (rédiger, corriger, réviser, citer et paraphraser) pendant leurs études préuniversitaires pour être fonctionnels à l’université.

L’analyse des réponses au sondage et celles obtenues lors d’entrevues réalisés pour le projet de recherche sur les stratégies de créacollage numérique occupera l’équipe de recherche dans les prochains mois. Une présentation formelle et ventilée selon certaines variables des résultats de l’Université de Sherbrooke sera faite en 2018-2019.

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