Avec classe

Encourager la participation en classe

La participation des étudiantes et étudiants, sous forme de discussion ou non, est une stratégie si utilisée en classe qu’on a tendance à la répéter de cours en cours sans nécessairement remettre en question nos façons de faire, de sorte qu’on n’en maximise pas le potentiel.

Les échanges dans la salle de classe peuvent prendre plusieurs formes. Très souvent, les échanges sont «perpendiculaires», c’est-à-dire que l’enseignant pose une question, un étudiant répond, l’enseignant réagit et puis on passe à autre chose. Des échanges entre les étudiants, tels que des discussions ou des débats, sont aussi assez fréquents dans certaines classes. Ce type d’échange a comme avantage de permettre aux étudiantes et étudiants d’approfondir leur compréhension d’un sujet au-delà de ce qu’ils auraient pu accomplir seuls.

Certains facteurs affectent le niveau de participation d’une classe. Le nombre d’étudiants dans le groupe viendra affecter le temps disponible pour que chacun puisse participer. De plus, si les étudiants sont plus matures, ils auront plus de facilité à discuter puisque leur niveau de confiance en eux-mêmes sera plus développé. Une enseignante ou un enseignant moins ouvert ou plus autoritaire aura un effet «refroidissant» sur la participation des étudiantes et étudiants. Ceux-ci craindront le jugement de l’expert.

Les problèmes associés à la participation

Afin de favoriser un climat harmonieux, propice aux échanges en classe, on doit s’attaquer à un certain nombre de problèmes récurrents relatifs à la participation des étudiantes et étudiants.

L’étudiant qui monopolise la discussion

L’étudiante ou l’étudiant qui monopolise la discussion est certes l’un des problèmes les plus souvent rapportés par les enseignantes et enseignants. Lorsque cela se présente, il faut agir. Les étudiants peuvent percevoir négativement l’incapacité du formateur à gérer cette situation et cela pourrait affecter sa crédibilité. Le professeur ou le chargé de cours peut refuser poliment à cet étudiant le droit de répondre en lui indiquant que la classe doit entendre d’autres étudiants.

La personne formatrice peut également informer les étudiantes et étudiants qu’elle appliquera la règle des trois mains, c’est-à-dire qu’elle attendra que trois mains soient levées avant de demander une réponse.

L’étudiant qui ne participe jamais

À l’opposé, on retrouve l’étudiant qui ne participe jamais. Il faut distinguer ici entre l’étudiant non préparé et l’étudiant qui éprouve une timidité naturelle. Ce dernier doit bénéficier de la patience du formateur. Lorsque la professeure ou la chargée de cours pose une question, elle doit accepter un certain temps de silence, car les étudiants plus gênés ou moins articulés ont besoin d’un peu plus de temps pour organiser leur réponse.

L’étudiant non préparé

L’étudiant non préparé doit quant à lui être bousculé dans le confort que lui procurent les interventions de ses condisciples plus solides. L’enseignante ou l’enseignant peut cependant paraître vindicatif s’il s’acharne à poser des questions aux étudiants réputés comme étant les moins prêts.

Cela nous amène à discuter de la façon dont le formateur s’y prend pour générer une participation de la part des étudiants. S’il pose une question sans préciser à qui elle s’adresse, il doit s’attendre à ce que les étudiants les plus volubiles et les plus confiants répondent le plus souvent.

Par contre, si la personne enseignante désigne un étudiant pour répondre à une question, elle peut solliciter des étudiants moins participatifs et ainsi rendre le niveau de participation plus équitable. Ce genre d’intervention a cependant un effet négatif sur les étudiantes et étudiants plus timides puisqu’il peut générer beaucoup d’anxiété chez eux.

Un environnement propice à la participation

Une autre façon de contrer ces problèmes consiste à s’en remettre au hasard. Le formateur peut découper tous les noms figurant sur la liste des étudiants inscrits au cours et piger un nom lorsque vient le temps de répondre à une question. Cela évite la monopolisation de la prise de parole par une seule personne et force l’étudiant non préparé à changer ses habitudes.

Un peu dans la même veine, l’enseignante ou l’enseignant peut diviser sa classe en sections, se rendre dans l’une de ces sections et s’adresser directement à ce sous-groupe en posant une question. Il indique ainsi qu’il s’attend à recevoir une réponse de l’un des étudiants assis dans la section désignée. Il peut aussi numéroter les sections et piger un numéro. Il a ainsi un plus grand bassin de répondants et cela devient moins anxiogène pour les étudiantes et étudiants.

Établir un climat d’apprentissage propice à la participation est tout à fait essentiel et l’enseignant est celui qui doit faciliter l’avènement d’un tel environnement. Les liens qu’il développera avec ses étudiantes et étudiants, en classe mais aussi avant et après le cours, de même que les mesures qu’il mettra en place pour encourager les interactions, détermineront en grande partie le niveau de participation des étudiants aux activités de la classe.

La personne formatrice doit également faire de la classe un environnement où toute tentative de répondre à une question est bien reçue et encouragée. Une mauvaise réponse doit être perçue par l’enseignant comme une occasion de contribuer à l’apprentissage de tous les étudiants plutôt que comme un échec sans valeur.

De plus, le formateur aura tout intérêt à préciser ses attentes par rapport à la participation en classe et même à inclure quelques phrases sur ce sujet dans son plan de cours.

Des activités structurées

Plutôt que de s’en tenir aux échanges «perpendiculaires» mentionnés au début de cet article, l’enseignante ou l’enseignant devrait encourager les interactions entre les étudiants pour développer un certain niveau d’aisance entre eux. Par exemple, lorsque le formateur pose une question en classe, il peut demander une réponse à l’étudiant A, puis demander à l’étudiant B de réagir à la réponse de l’étudiant A, plutôt que de tout de suite donner sa réaction.

Et pourquoi ne pas utiliser des techniques de type think-pair-share afin de rendre la teneur des réponses plus riche? L’enseignante ou l’enseignant pose une ou plusieurs questions. Les étudiants ont un nombre déterminé de minutes pour réfléchir aux questions (think). Au signal, ils se placent en groupes de deux et échangent leurs réponses sur les questions (pair). Enfin, le professeur ou le chargé de cours demande à certains groupes de partager avec la classe le fruit de leur réflexion (share).

Les étudiants sont mieux préparés, les réponses plus réfléchies, et tous les étudiants ont dû se pencher sur la ou les questions. De plus, ce genre d’activité se fait aussi bien dans un groupe de 6 que dans une classe de 150.

La participation dans une discussion

Pour susciter la participation des étudiantes et étudiants à une discussion, la question initiale doit être significative pour ceux-ci. Le formateur doit donc porter une certaine attention à la façon dont cette question sera posée. Mais son rôle ne s’arrête pas là.

Pendant la discussion, il devra être proactif pour encourager la participation des étudiants et gérer la conversation. Il limitera les interventions de certains étudiants zélés et écoutera attentivement les interventions des étudiants afin de les réutiliser pour orienter la discussion et ainsi valoriser leur contribution. Il sera patient et acceptera de discuter d’opinions divergentes. Il gérera la conversation en guidant les étudiantes et étudiants, en posant des questions et en offrant des rétroactions informées.

Sources

Kozanitis, Anastassis et Roch Chouinard, «Les facteurs d’influence de la participation verbale en classe des étudiants universitaires : une revue de la littérature», Revue internationale de pédagogie en enseignement supérieur, vol. 1, n o 25, 2009.

Ledlow, Susan, « Using Think-Pair-Share in the College Classroom», page Active/Cooperative Learning: Best Practices in Engineering Education, Center for Learning and Teaching Excellence, Arizona State University, 2001 [Document PDF].

Sockalingham, Nachamma, «Structuring Discussion to Engage Students», Faculty Focus, 12 août 2011.

Weimer, Maryellen, «Practical Ideas for Improving Student Participation», The Teaching Professor Blog – Faculty Focus, 21 septembre 2011.

Weimer, Maryellen (ed.), Tips for Encouraging Student Participation in Classroom Discussions, Faculty Focus Special Report, Magna Publications, 17 p. [Document PDF consulté le 11 novembre 2011].

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