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Enseignement à distance ≠ webconférence tous azimuts

Un cours de trois heures en salle de classe ne doit pas être reporté en conférence en ligne

En mars dernier, le passage à vitesse grande V de l’enseignement en présence vers un mode distant n’a laissé que bien peu de place à la réflexion nécessaire pour adapter un cours en formation à distance. Conséquemment, plusieurs étudiantes et étudiants se sont retrouvés devant leur écran à voir et à entendre leurs enseignantes et enseignants livrer de la matière durant trois heures. Des décrochages sont à prévoir. Kwinn l’exprimait déjà en 2007: « les conférences en ligne sans interactions font invariablement émerger des besoins pressants tels que finaliser sa liste d’épicerie, jouer au solitaire, flâner sur le web… » En 2020, on peut ajouter à cette liste  suivre son fil Instagram, son fil Facebook et tutti quanti!

L’objectif de cette chronique n’est pas d’expliquer pourquoi ce décrochage se produit mais plutôt de dégager des solutions applicables à l’enseignement pour réduire ce phénomène lors des séances synchrones.

Pour en savoir davantage sur Adobe Connect ou Microsoft Teams, les plateformes synchrones disponibles à l’UdeS, ainsi que sur les façons de les intégrer dans Moodle.

Les semaines à venir seront l’occasion de s’adapter pour la session d’automne, laquelle exigera une forte dose de flexibilité dans les moyens à mettre en œuvre dans le contexte actuel de la présence du coronavirus : prévoir un enseignement hybride ou comodal par souci de respecter la distanciation sociale; soutenir la formation des étudiantes et étudiants s’ils doivent être confinés ; prévoir le confinement de l’enseignante et de l’enseignant lui-même si elle ou il présente des symptômes ; envisager un autre confinement général en cas d’emballement du virus. Ainsi, la révision en tout ou en partie de la structure de l’ensemble des cours apparaît inévitable.

Trois règles applicables aux séances synchrones pour la formation

  • Règle 1 – Une séance synchrone se tient en 90 minutes ou moins.
  • Règle 2 – Chaque séance synchrone inclut des activités interactives.
  • Règle 3 – La séance synchrone est combinée à des approches asynchrones.

Règle 1 – Une séance synchrone se tient en 90 minutes ou moins

Pour apprendre efficacement, notre cerveau préfère les petites bouchées! Prévoyez des séances synchrones courtes. Visez moins de 90 minutes à la fois. N’excédez jamais deux heures.

« Mon cours dure trois heures, que puis-je y faire? »

À moins d’un revirement exceptionnel, la durée de la plupart des cours restera inchangée à l’horaire, à court terme du moins. Si un enchainement de plusieurs heures est à votre agenda, voici quelques possibilités qui s’offrent à vous.

  • Séparez votre groupe en deux et proposez deux séances de moins de 90 minutes chacune. Assurez-vous de prévoir un temps de transition entre les deux sous-groupes.
  • Faites de courtes pauses régulièrement. Prévoyez des « pauses-apprentissage » qui permettent à l’étudiante ou l’étudiant de réfléchir à une question, de compléter ses notes, de les comparer avec un ou une collègue, de réaliser une courte tâche, d’écrire son avis sur un sujet, etc. Prévoyez aussi des « pauses-repos » pendant lesquelles les étudiantes et étudiants sont encouragés à s’éloigner de leur écran et à bouger.
  • Proposez des activités asynchrones durant les séances synchrones (particulièrement lors de cours intensifs d’une journée ou d’un week-end). Ces activités asynchrones seront idéalement diffusées avant la rencontre synchrone, ce qui permettra aux étudiants et étudiantes de les réaliser les jours précédents la rencontre pour alléger la journée intensive qui peut s’avérer pénible pour certaines personnes.

Règle 2 – Chaque séance synchrone inclut des activités interactives

La formation à distance permet d’envisager l’enseignement selon deux modes :  synchrone et asynchrone. Ces deux modes exigent un changement de perspective face à la temporalité lors de la révision de la structure du cours. L’immédiateté (mode synchrone) se faisant plus rare, elle devient plus précieuse aussi. Il est donc crucial de l’utiliser pour tirer profit de ces avantages : rapidité, humanité, richesse multisensorielle. Ce sont les activités interactives les championnes toutes catégories des communications synchrones, des activités pédagogiques qui mettent de l’avant les interactions des étudiantes et des étudiants avec l’enseignante ou l’enseignant, ainsi que des étudiantes et étudiants entre eux.

Introduire des activités interactives dans son cours favorise notamment le traitement de l’information. Pour apprendre, l’apprenant doit traiter l’information, qu’elle soit entendue, lue, vue ou perçue. Ce traitement est réalisé par l’apprenante ou l’apprenant lui-même et un des rôles de l’enseignante ou de l’enseignant est de faciliter le traitement de l’information dont il est expert. Sans traitement d’information, pas d’apprentissage.

Les activités interactives peuvent avoir plusieurs fonctions : échanger des idées et les confronter à celles des autres, permettre à l’enseignant d’observer les interactions et l’intégration des apprentissages, permettre des rétroactions ou des recadrages rapides…

Les activités interactives peuvent prendre de multiples formes et leur nombre est quasi illimité. Sachez toutefois que plus les participantes et participants à un cours sont nombreux, plus l’organisation de ce type d’activité est complexe. Les séances synchrones dans ce cas seront plutôt consacrées aux présentations des consignes des travaux, à des séances de questions et réponses sur des tâches réalisées préalablement ou à l’accompagnement de travaux en petits groupes.

Le tableau suivant propose différentes formes d’activités interactives à mettre en œuvre durant une séance synchrone en formation à distance :

Pour obtenir davantage d’idées d’activités en grands ou petits groupes, ainsi que pour une réflexion sur le maintien de l’engagement des étudiantes et étudiants dans un cours en ligne telles que proposées par l’Incubateur d’innovation pédagogique (i2P).

Règle 3 – La séance synchrone est combinée à des approches asynchrones

« Avec des séances écourtées et des activités interactives, comment passer ma matière? »

Heureusement, la webconférence n’est pas votre seule option. N’oubliez pas que la formation à distance permet d’envisager l’enseignement selon deux modes : synchrone et asynchrone.

Un environnement Moodle structuré offre aux étudiantes et étudiants des ressources pour une appropriation individualisée de la matière. Le contenu théorique sera vu à l’aide de capsules vidéos et de lectures. Il est particulièrement important de ne pas omettre de fournir des outils d’aide au traitement du contenu comme des guides de lecture, des exercices en autocorrection (quiz), ainsi que des forums de discussion animés qui favorisent l’approfondissement de la compréhension du contenu. Alors que l’écriture permet de déployer sa pensée, la communication asynchrone peut ainsi permettre des échanges plus poussés et une certaine consolidation des acquis.

Les moyens de communication asynchrones sont à exploiter particulièrement pour les cours à grands effectifs, car il est assez complexe de mettre sur pied des activités en mode synchrone qui rendent intellectuellement actifs les étudiants lorsqu’ils sont en grands groupes.

Le guide suivant aide à faire la transition vers la planification d’un cours plus flexible pour tous :

En guise de conclusion… parce qu’il s’agit plutôt d’un début que d’une fin!

Afin d’éviter de revivre la situation de mars dernier et si vous voulez définitivement ajouter de la flexibilité dans vos méthodes d’enseignement à l’automne ou à l’hiver prochains, il sera nécessaire de revoir la structure de votre cours.

Si telle est votre intention, ayez en tête ces trois règles : toujours proposer des séances synchrones courtes, réserver les précieuses séances synchrones à des activités interactives pour rendre les étudiantes et les étudiants intellectuellement actifs face au contenu à apprendre et, enfin, valoriser une appropriation du contenu en mode asynchrone.

En vous souhaitant une belle et riche réflexion!

Référence

Clark, R. C., & Kwinn, A. (2007). The new virtual classroom: Evidence-based guidelines for synchronous e-learning. John Wiley & Sons.

Références complémentaires

Docq, F. (2020) Comment soutenir l’apprentissage à distance ? Stimuler l’activité intellectuelle face aux ressources. Louvain Learning Lab. Accessible à partir de l’adresse

Dubé, J-S. (2020). Les raisons de la « Zoom fatigue » et des pistes de solutionsBlogue L’Éveilleur,Service de soutien à la formation,Université de Sherbrooke.

Hyder, K., Kwinn, A., Miazga, R., & Murray, M. (2007). Synchronous e-learning. The eLearning Guild.

Université de Sherbrookle (2020), Planifier sa formation à distance. Service de soutien à la formation.

Skills Journey (2020). Live Online Learning – a facilitators guide.Accessible à partir de l’adresse

Standford, D (2020). Videoconferencing Alternatives: How Low-Bandwidth Teaching Will Save Us All. IDDblog. Center for Teaching and Learning, DePaul University.

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