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Avec classe

Quand demander l’activation de la webcam en séance synchrone?

par Alex Boudreau, Pôle d’innovation technopédagogique, Faculté d’éducation (collaboration spéciale) et Marianne Dubé


Cet article est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International


Ce texte est une version condensée du texte Devrait-on obliger l’utilisation de la webcam en séance synchrone? Téléchargez la version intégrale

Qui n’a pas déjà entendu un collègue (ou soi-même) dire « C’est l’enfer! Personne n’ouvre sa caméra et j’ai l’impression de faire de la radio dans mon cours. » L’expérience vécue en séance synchrone par les personnes enseignantes et étudiantes peut varier considérablement selon les activités d’enseignement-apprentissage prévues et selon la relation de groupe qui s’est établie. 

Y a-t-il des moments-clés pour demander aux personnes étudiantes d’activer leur webcam en séance synchrone? Devrait-on insister? Peut-on l’obliger? En tout temps ou parfois seulement? Ce texte explore l’utilisation de la webcam en séance synchrone, un enjeu important qui mérite réflexion.

Identifier la valeur ajoutée pédagogique d’une séance synchrone

La webcam permet de créer un contact visuel et de transmettre l’aspect non verbal de la communication, non seulement de la personne qui parle mais aussi des personnes qui écoutent. Mais en amont des questionnements liés à l’utilisation de la webcam, il convient de se demander si la séance synchrone apporte une valeur ajoutée. (Rappelons que la transmission de contenu magistral est souvent plus efficace sous forme de capsules vidéo préenregistrées pouvant être revisionnées lorsque nécessaire.)

  • Les activités d’enseignement-apprentissage prévues nécessitent-elles de se faire en synchrone? Par exemple, est-il prévu que les étudiantes et étudiants aient besoin d’un temps pour échanger, s’exprimer, mettre à l’essai, négocier ou réfléchir en équipe? Y a-t-il un besoin de prendre le pouls, d’obtenir un feedback non verbal, de sentir qu’on est ensemble?  

Les réponses à ces questions vous guideront sur la valeur ajoutée des activités prévues lors de la séance synchrone qui, elles, auront une incidence sur l’utilisation ou non de la webcam. 

Quand les personnes étudiantes cessent d’activer leur webcam : symptôme de désengagement ?

En présence, on établit naturellement le lien avec les personnes que l’on voit et dont on voit l’attitude et les réactions. Il est possible de faire la même chose avec les personnes à distance, surtout quand on peut voir leur visage, leur posture, leur habillement et leur lieu de travail en arrière-plan. Détrompons-nous : établir une relation informelle avec les personnes étudiantes n’est pas une entreprise frivole ou déplacée ; au contraire, c’est elle qui permet d’établir ensuite une relation pédagogique qui soutiendra la confiance, l’engagement, l’impression de ne pas être seule dans l’aventure d’apprentissage qui nous réunit au sein du cours. Cette relation pédagogique contribuera à la persévérance en développant le réflexe d’oser interpeller les pairs et les personnes formatrices face à des difficultés.

Même en plus grand groupe, pour maintenir l’intérêt des personnes à activer leur caméra, il est conseillé de voir à ce qu’elles en vivent elles-mêmes les avantages en étant régulièrement interpellées et considérées. Sollicitez-les souvent en réaction à leurs expressions faciales. Inquiétez-vous à haute voix de leur niveau de fatigue un jour où elles n’activent plus leur caméra. Utilisez le visuel des personnes étudiantes pour entretenir un lien informel en commentant sur ce que les caméras vous permettent de voir, ce qui peut se faire autant dans les minutes qui précèdent le début du cours que pendant le cours.

Considérer la taille du groupe

Le cas du travail en équipe et en petit groupe – Dans une séance avec activités en petits groupes, le contact visuel peut aider à créer des liens plus forts entre les personnes participantes, surtout s’il s’agit d’une formation complètement à distance où les personnes ne se rencontrent jamais physiquement. Ce lien plus personnel peut avoir un impact sur la participation et sur la motivation étudiante, en plus de soutenir une compréhension parfois plus nuancée les uns des autres grâce aux expressions faciales.

Le cas du grand groupe – Le contexte déjà plus impersonnel des grands groupes et la limite d’utilisation de webcams simultanées font en sorte que l’obligation de la webcam pourrait sembler relever davantage de la surveillance que d’une sincère volonté d’établir une relation. L’utilisation de la webcam durant un enseignement magistral permet à la personne enseignante de bénéficier du feedback précieux offert par les expressions faciales des personnes étudiantes. Même pendant l’écoute silencieuse, l’activation des webcams peut non seulement contribuer à diminuer l’impression d’isolement, en donnant le sentiment d’être ensemble, mais aussi valider, par exemple, qu’elles ne sont pas les seules à être confuses ou amusées. N’hésitez pas à insister, dans la bonne humeur, pour qu’un certain nombre activent leur caméra ou à convenir d’un horaire d’ouverture de la webcam pour assurer un sentiment de présence à distance lors des enseignements magistraux. Pourquoi ne pas partager aux étudiantes et étudiants cette vidéo, produite par le Cégep Édouard-Montpetit, qui célèbre le fait d’être ensemble dans les cours en activant les caméras?

Recommandations

Dans des cours où il y a une part significative d’activités pratiques en sous-groupes ou en équipes, comme des jeux de rôles, de l’intervention de groupe, un cercle de lecture, etc., l’important est d’informer à l’avance les personnes étudiantes que l’utilisation de la webcam sera demandée.

Dans les groupes plus nombreux, l’aspect volontaire de l’activation de la webcam par les personnes étudiantes devrait être conservé, tout en invitant celles qui sont volontaires à activer leur webcam afin de favoriser le sentiment de présence, l’engagement, le feedback pédagogique et la qualité des communications améliorée par la vue des expressions faciales et du langage non verbal.


Références

Beattie, G. et Ellis, A. (2017). « Channels of human communication ». Dans The Psychology of Language and Communication (chapitre 2), Routledge.

Boudreau, A. (2020). Quelle modalité choisir pour chaque moment d’enseignement-apprentissage à distance? Pôle d’innovation technopédagogique, Faculté d’éducation, Université de Sherbrooke. fabriqueREL. Disponible sous licence CC BY-NC. 

Boudreau, A. (2021). Des stratégies pour développer des compétences relationnelles en formation à distanceProfweb

Boudreau, A. (2020). Des cours en visioconférence engageants avec allers-retours entre le grand groupe, le sous-groupe et l’équipe. Profweb

Cégep Édouard-Montpetit. (2021). La caméra, une alliée cruciale pour la réussite des étudesYouTube

Chamberland, É. (2009, 2014). Guide pédagogique pour la webconférence, Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke. 

Kozanitis, A. (2015). La relation pédagogique au collégial : Une alliée vitale pour la création d’un climat de classe propice à la motivation et à l’apprentissagePédagogie collégiale. 28(4) Association québécoise de pédagogie collégiale. 

Lin, LC., Hung, IC., Kinshuk et al. (2019). « The impact of student engagement on learning outcomes in a cyber-flipped course ». Education Tech Research Dev, 67, 1573–1591.

Mathieu, S., Denis, C., Lefebvre, N., Beaulieu, M., Cabana, M. et Lamoureux, K. (2020). Méthodes pédagogiques fréquemment utilisées en présentiel : suggestions d’adaptation pour l’enseignement à distance. Université de Sherbrooke. fabriqueREL. Disponible sous licence CC BY-SA. 

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