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Miser sur l’expérience professionnelle des étudiants adultes

Un nombre croissant de programmes comptent parmi leurs conditions d’admission l’exigence de détenir une certaine expérience professionnelle dans le domaine. Ces programmes de 2 e ou 3 e cycle accueillent ainsi des cohortes d’étudiants dont certains détiennent un bon bagage acquis sur le terrain. Il s’agit d’étudiants adultes, à la recherche d’une plus grande spécialisation dans leur domaine ou cherchant, au contraire, à élargir leur formation initiale en allant développer des habiletés de gestion d’entreprise, de leadership, d’habiletés interpersonnelles… La diversité des profils d’étudiants potentiels peut drastiquement changer la dynamique des groupes en classe. Comment, alors, favoriser l’apprentissage de ces étudiants et tirer parti de leur expérience?

Connaître le profil de ces étudiants d’expérience

S’informer afin de connaître la formation antérieure, les expériences professionnelles et les champs d’intérêt de chacun s’avère particulièrement important pour établir un lien avec des étudiants expérimentés. Ces renseignements permettent non seulement d’établir des liens avec la pratique de chacun, mais également de faciliter des échanges individuels positionnant l’enseignant comme mentor et partenaire intéressé dans leur développement professionnel. Ce lien de confiance s’avère crucial pour la suite, particulièrement pour des étudiants qui sont déjà des experts dans leurs domaines respectifs.

Il va sans dire que la présence des étudiants adultes modie la façon d’intervenir en classe.

Qu’ils aient comme objectif l’obtention d’un diplôme à des fins d’avancement professionnel ou non, ils…

  • sont habituellement motivés à réussir leur programme, sachant exactement ce qu’ils souhaitent en tirer.
  • s’approprient les contenus tout en ayant en tête un contexte professionnel où ces nouvelles notions pourront s’appliquer.
  • sont plutôt confiants en leur capacité de réussir, posent davantage de questions, veulent comprendre les choses dans un contexte plus large et
  • sont prêts, de façon générale, à s’engager activement dans un parcours académique qu’ils perçoivent comme un perfectionnement en continuité de leurs activités professionnelles.

Il va sans dire que leur présence modifie la façon d’intervenir en classe. Des stratégies visant la participation aux discussions, la création de liens entre différents contenus, le transfert dans la pratique se révèlent souvent moins nécessaires pour ces étudiants d’expérience qu’elles peuvent l’être pour des étudiants plus novices. En outre, dans des classes où l’expérience antérieure des étudiants n’est pas valorisée, ceux-ci peuvent facilement devenir désengagés ou cyniques, nuisant ainsi au climat général.

Laisser les étudiants expérimentés diriger les discussions

De façon plus ou moins consciente, les professionnels expérimentés adoptent souvent une posture d’expert en s’affirmant avec confiance et en manifestant un certain leadership dans les discussions en classe. Il peut y avoir une réelle valeur ajoutée à formaliser ce rôle, car la responsabilité de guider les discussions permet d’améliorer ses propres capacités d’écoute et de réflexion critique. Le fait d’encadrer une discussion offre aux professionnels chevronnés l’occasion de partager leur expérience, tout en les obligeant à considérer de façon critique une pluralité de points de vue, de même que l’application en situation réelle des concepts théoriques vus en classe.

Recourir efficacement aux travaux d’équipe

Les travaux d’équipe peuvent être redoutés par tous les étudiants, et plus encore par des professionnels occupés à la recherche d’un équilibre dans toutes les sphères de leur vie. Ceux-ci, largement absents du campus en dehors des heures de classe, craignent souvent les difficultés d’horaire et la surcharge de travail que risque d’entraîner la coordination d’une équipe formée de étudiants présentant des niveaux d’expérience variés.

Or, le travail d’équipe peut s’avérer pour ces derniers l’occasion d’enrichir leurs capacités de leadership en interagissant avec des gens en début de carrière qu’ils pourraient être appelés à superviser en contexte professionnel. En outre, ces travaux collaboratifs peuvent aider des équipiers experts à mieux appréhender le développement d’un éventail de connaissances et de compétences professionnelles qu’ils utilisent parfois eux-mêmes depuis si longtemps qu’elles sont maintenant pleinement intégrées.

Ne pas négliger l’acquisition de connaissances

Le retour à l’acquisition de connaissances, lorsque celles-ci sont bien ciblées, peut représenter une réelle valeur ajoutée pour des professionnels en exercice. Plusieurs d’entre eux ont intégré de façon plus ou moins consciente certaines certitudes sur la « bonne » façon de faire les choses; ils réussissent bien dans leurs fonctions, mais sans pouvoir expliquer pourquoi. Une compréhension renouvelée des fondements, des principes et des modèles théoriques peut représenter la clé manquante pour mieux comprendre les tâches et les rôles qui dominent leur vie professionnelle et pour améliorer concrètement leur rendement au travail.

Offrir des choix

Face à des groupes d’étudiants présentant des profils variés, une certaine latitude dans le choix des travaux peut révéler une bonne façon d’orienter les efforts vers des projets qui permettront réellement à chacun d’avancer. Par exemple, pour des gens démontrant déjà une bonne compréhension des concepts de base, un essai réflexif ou une analyse de cas pourrait s’avérer une tâche plus significative qu’un examen. Se voir donner de la latitude n’équivaut cependant pas à se voir laisser carte blanche; l’encadrement d’un enseignant bien au fait de la réalité de chacun des étudiants leur permettra ainsi d’explorer des aspects ou de relever des défis auxquels ils n’auraient peut-être pas pensé eux-mêmes.

De plus en plus présents dans les salles de classe, les étudiants qui ont de l’expérience dans leur domaine peuvent effectivement contribuer à enrichir considérablement la formation qui y est offerte. Le défi consiste, pour l’enseignant, à leur aménager un espace optimal pour apprendre et s’y développer professionnellement, et ce tout en respectant les besoins d’étudiants moins expérimentés qui requièrent, parfois, un environnement bien différent. Dans une certaine mesure, c’est le même défi qui attend l’ensemble des programmes de formation universitaires, alors que les parcours atypiques et les modalités de formation alternatives se multiplient : rester pertinents pour tous les étudiants, du novice au plus avancé d’entre eux.

Sources

Eileen F. Schiffer (2017), Teaching Adult Students with Considerable Professional Expertise, Faculty Focus, 27 novembre 2017 https://www.facultyfocus.com/articles/teaching-and-learning/teaching-adult-studentsconsiderable-professional-expertise/

Stacey Margarita Johnson (2017), Teaching Adult Undergraduate Students, Center for Teaching, Vanderbilt University. https://cft.vanderbilt.edu/teaching-adult-undergraduate-students/

Bridget N. O’Connor et Robert Cordova (2010). « Learning : The Experience of Adults Who Work Full-Tome While Attending Graduate School Part-Time”, Journal of Education for Business, vol. 85, no 6, p. 359366.https://doi.org/10.1080/08832320903449618

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