En préparation depuis 2012, disponible depuis l’automne 2018, le tout nouveau doctorat en sciences de l’activité physique (SAP) vise « à former des experts en sciences de l’activité physique capables de…
- participer au développement du corpus de connaissances de ce domaine,
- communiquer ce savoir,
- agir en tant qu’experts-conseils en inscrivant leurs actions en cohérence avec les divers secteurs de recherche des sciences de l’activité physique. »
D’après Alain Delisle, vice-doyen à la Faculté des sciences de l’activité physique (FASAP), les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé sont maintenant connus et documentés. Désormais, on a besoin de chercheurs qui travailleront à optimiser ces effets dans différents contextes, qu’il s’agisse de performances sportives, d’environnements de travail ou de conditions de personnes souffrant de maladies chroniques. L’explosion des coûts liés aux populations qui vieillissent en mauvaise santé accentue la demande pour des chercheurs en SAP tant à l’université qu’ailleurs sur le marché du travail.
Les perspectives d’emploi pour les diplômés de doctorat dans ce domaine se trouvent notamment dans les organismes paragouvernementaux (paliers fédéral, provincial et municipal) et dans les milieux universitaires qui ont de la difficulté à pourvoir certains postes de professeurs-chercheurs en SAP. Le besoin d’une formation doctorale à la FASAP se fait sentir depuis le début des années 2000, alors que la recherche dans ce domaine se développe rapidement à l’UdeS. Plusieurs finissants à la maîtrise souhaitaient poursuivre leurs études au troisième cycle mais devaient s’inscrire au doctorat en éducation ou à celui en gérontologie lorsque leurs sujets de recherche s’y prêtaient. Autrement, ils devaient s’exiler pour aller étudier dans une autre université.
Un doctorat interdisciplinaire
La FASAP compte trois créneaux de recherche aux approches méthodologiques fort différentes :
- l’intervention éducative en activité physique et santé,
- la neuromécanique et l’ergonomie,
- la kinésiologie, la santé et le vieillissement.
Les cultures de recherche divergent également selon les créneaux : alors que les doctorants en kinésiologie ou en neuromécanique, plus près du domaine des sciences de la santé, travailleront probablement dans un contexte de laboratoire sur le projet de leur directeur de recherche, les doctorants de sciences humaines seront plus susceptibles de développer leur propre projet de recherche. Certains travaux s’appuient davantage sur une démarche qualitative (dans le cas d’une recherche-intervention, par exemple), alors que d’autres s’inscrivent plutôt dans une perspective fondamentale (en physiologie ou en biomécanique). Une thèse en SAP peut prendre la forme d’articles publiés ou suivre le format conventionnel.
Or, une dimension originale du programme de doctorat en SAP est qu’il vise l’interdisciplinarité, notamment entre ces créneaux aux approches méthodologiques fort différentes. Il s’agit du seul programme au Canada à avoir cette couleur. D’après le professeur Éric Goulet, directeur du programme de doctorat, la qualité des chercheurs et des collaborations entre équipes de recherche est d’ailleurs une des forces de la FASAP. Les codirections de recherche sont fréquentes au deuxième cycle. On a donc choisi d’inscrire l’interdisciplinarité dans la structure même du programme.
Dans le contexte de ce doctorat, on considère que l’interdisciplinarité permet des regards différents sur une problématique donnée. Lors de séminaires interdisciplinaires, les doctorants seront invités à examiner leur problématique de recherche sous l’angle d’un autre créneau, d’une autre approche méthodologique. Le vice-doyen Delisle donne l’exemple d’une étudiante qui travaillerait sur un programme d’exercices à prescrire à des personnes âgées. La physiologie permettra de déterminer les exercices optimaux pour favoriser la santé des individus, alors qu’une préoccupation pour l’intervention éducative amènera le doctorant à se demander comment mieux offrir ce programme à la population visée. Dans le projet de programme (document de 2016), on évoque le fait qu’il est important de favoriser la « pertinence de la recherche en l’inscrivant dans une perspective plus globale ». C’est aussi l’avis d’Alain Delisle, qui estime que cette pluralité d’angles d’investigation brise les silos et ne peut que favoriser la transférabilité de la recherche vers les populations.
Entreplan de formation et parcours de formation
Le nouveau doctorat en SAP intègre quelques-unes des meilleures pratiques d’encadrement connues, notamment le plan de formation, le parcours de formation et le comité d’encadrement.
Le plan de formation est un document qui permet à l’étudiant et à son directeur de s’entendre dès le départ de la relation d’encadrement sur les façons de travailler de l’un et de l’autre. Il demande de préciser les modalités de communication, de fixer les attentes, d’identifier les conditions de succès (financière ou autres). Il doit être rempli dans les tout premiers mois suivants l’inscription au programme.
Le parcours de formation offre des balises temporelles pour le bon déroulement des études, notamment des échéanciers pour les différentes productions du doctorat. Il permet aussi à la direction de recherche et à l’étudiant de déterminer quels cours seront suivis et selon quelle séquence. Ainsi, le doctorat en SAP permet de sélectionner un cours au choix et un cours à option dans une autre faculté (par exemple: un cours de statistiques), mais toute la scolarité doit être conclue avant l’examen synthèse, soit dans les deux premières années du programme.
Le comité d’encadrement : Afin de favoriser l’interdisciplinarité la FASAP a choisi comme mode de direction de recherche le comité d’encadrement. C’est ainsi qu’au sein même du Comité d’encadrement d’un étudiant, on s’assurera d’avoir toujours un représentant d’un autre secteur des SAP sur un comité donné, en plus du ou des directeurs de recherche… Ce professeur tiers offrira un éclairage disciplinaire différent sur le projet de thèse. Au-delà de l’interdisciplinarité, la présence de cette tierce personne assure que le doctorant puisse discuter de toute difficulté rencontrée. Le professeur tiers pourrait donc agir comme médiateur dans l’éventualité d’un conflit.
« …[L]e comité d’encadrement rencontre l’étudiante ou l’étudiant au moins une fois par année afin de discuter de l’état d’avancement de ses travaux de recherche conduisant à la rédaction de la thèse. Les divers éléments du plan de formation sont passés en revue et, au besoin, ajustés. » (Projet de doctorat, 2016, p.42)
Des défis pour aller plus loin
Tant Éric Goulet qu’Alain Delisle identifient l’interdisciplinarité comme l’un des principaux défis de ce programme. Pour le professeur Goulet, les visions et les compréhensions de chaque professeur sur l’interdisciplinarité peuvent être très variables et développer un langage commun est un tout un défi. De son côté, le vice-doyen Delisle croit que la définition de l’interdisciplinarité devra être dynamique afin d’évoluer avec le programme.
Une des cibles de formation de son programme de doctorat que la FASAP veut développer est la capacité des doctorants à agir en tant qu’expert-conseil. Mais comment faire apprendre cela? Pour le vice-doyen Delisle, c’est précisément en amenant les étudiants d’une discipline donnée à s’interroger sur leur projet de recherche à partir des questions d’autres disciplines. Cette ouverture à l’externe évite certains écueils de la surspécialisation et de perdre contact avec les multiples dimensions des problèmes complexes que rencontreront les diplômés. Le professeur Goulet croit quant à lui que la recherche interdisciplinaire favorise une interprétation plus large des résultats et cela permet, au final, de réfléchir aux divers impacts d’une découverte scientifique sur la santé de la population.
En formant ses doctorants à rester ouverts aux considérations des diverses sciences de l’activité physique, la FASAP s’assure que ses diplômés resteront pertinents dans une multitude de milieux et de situations de pratique professionnelle.