L’apprentissage est une tâche complexe, mais indissociable de la vie de l’humain qui par nature apprend tout au long de son existence. Il est clair depuis de nombreuses années que le cerveau joue un rôle crucial et central dans l’apprentissage. Les recherches récentes concernant l’apprentissage et les études sur le fonctionnement du cerveau montrent par exemple que l’hygiène de vie (alimentation équilibrée et variée, sommeil de qualité, pratique d’activités physiques, faible consommation de drogues, d’alcool et de tabac, etc.) module le fonctionnement du cerveau; mais aussi que derrière cette diversité des individus et des modes d’apprentissage se dégagent des mécanismes communs pour apprendre. L’objectif ici est de présenter brièvement des facteurs qui influencent le traitement de l’information utiles à connaître pour apprendre (ou accompagner l’apprentissage d’autrui).
La mémorisation est indissociable de l’attention, élément clef dans le mécanisme complexe qu’est l’apprentissage. Si la personne apprenante n’est pas attentive aux informations qui lui sont données, l’apprentissage sera vain. Pour le cerveau, apprendre consiste à sélectionner des informations (phase d’encodage), à les stocker (phase de consolidation), puis à les utiliser par une action de restitution (phase de récupération). Des stimuli sont en permanence captés par les différents sens, ce qui constitue le registre d’informations sensorielles (mémoire sensorielle). La sélection des informations stockées dans notre mémoire dépend ainsi de l’attention qui leur est portée.
Ensuite, se souvenir d’informations dépend beaucoup de l’organisation des connaissances dans la mémoire. Les connaissances peuvent être encodées de différentes façons qui correspondent au format (visuel, phonémique, kinesthésique, sémantique, épisodique ou procédural) dans lequel l’information est mémorisée. Ces encodages sont souvent appelés « codes de mémoire ». Ils n’ont pas tous la même efficacité pour rappeler et utiliser les connaissances stockées dans la mémoire à long terme, certaines se dégradant plus rapidement que d’autres. Les codes mettant l’accent sur la signification des informations sont particulièrement efficaces comme le montre l’exercice 2. En effet, une information qui a du sens pour la personne apprenante est mémorisée de façon plus robuste, plus pérenne qu’une information dénuée de sens. De plus, stocker une information ou un groupe d’informations, selon différents codes de mémoire, facilite sa restitution.
Différentes hypothèses ont été formulées pour qualifier les facteurs influant sur le traitement des informations :
le niveau de traitement : plus le stockage des informations nécessite une analyse de la signification des données (sens), plus la restitution est complète. Les traitements structural (aspect) et phonémique (son) des informations correspondent à un niveau de traitement superficiel, alors que le traitement sémantique (signification) correspond à un traitement en profondeur. En d’autres termes comprendre facilite la mémorisation durable.
l’élaboration : plus l’encodage de l’information inclut l’élaboration dans un contexte riche ayant un lien sémantique avec elle, plus la restitution de l’information est de qualité. En d’autres termes, plus les informations données se complètent, plus leur restitution est exhaustive.
la singularité : plus une information est différente d’autres informations déjà stockées, plus il est facile de la restituer, par exemple un mot différant des autres par sa structure (couleur, police d’écriture, souligné…) dans une liste de mots.
la spécificité de l’encodage par rapport au rappel envisagé : plus le contexte dans lequel des informations sont restituées est similaire au contexte dans lequel elles ont été encodées, plus leur restitution est exhaustive. Le choix d’une stratégie d’apprentissage dépend donc de l’utilisation prévue (ou possible) des informations à mémoriser. Connaître l’objectif d’un apprentissage (et donc d’une évaluation des connaissances) est crucial pour déterminer la façon dont il doit se dérouler. Ceci est vrai pour la personne apprenante et pour la personne enseignante, cette dernière devant adapter sa pédagogie aux objectifs visés dans son enseignement. Il ne viendrait à l’idée de personne d’apprendre à quelqu’un de façon théorique le fonctionnement d’un vélo et d’évaluer ses compétences pratiques à le réparer. De la même façon, il est important de préparer les personnes apprenantes aux types de questions auxquelles elles devront répondre lorsqu’elles doivent être évaluées sur leurs connaissances.
En conclusion, retenez que plus l’acquisition d’informations conduit la personne apprenante à les associer à ses savoirs anciens et à s’engager dans la compréhension (c’est-à-dire comprendre la totalité du sujet et être capable de l’expliquer à une autre personne), plus il lui est facile de se remémorer ces informations. Cette restitution est de plus facilitée si elle est de même nature (épisodique, sémantique, procédurale…) et si elle survient dans un contexte similaire à celui de la mémorisation.
Pour en savoir davantage et être guidé dans l’application de ces principes, je vous invite à participer à la conférence et à l’atelier que j’animerai en mai.
Au plaisir!
Isabelle Le Brun, chercheure en neurosciences et enseignante à l’Université Grenoble Alpes – France.
Pour connaître le détail des activités et vous y inscrire :
- 8 mai – conférence : Comment apprendre en considérant des connaissances actuelles sur le cerveau?
- 23 mai : Cultiver ses stratégies d’apprentissage!
Source : Le Brun, I. et Lafourcade, P. (2022). Comment s’exercer à apprendre? (2e édition). DeBoeck.