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Le parc du Mont-Bellevue, l’écosystème-école de l’UdeS

L’un des lieux proposés pour des classes extérieures dans le contexte des mesures de campus en distanciation se situe au parc du Mont-Bellevue et se nomme La voltigeuse.  D’ailleurs, le recours au parc du Mont-Bellevue à des fins pédagogiques ne date pas d’hier. Des activités d’enseignement et de recherche s’y déroulent depuis des décennies et en ont fait un véritable écosystème-école. C’est ce que faisait Colette Ansseau, professeure retraitée du Département de biologie, qui explique qu’« on allait dans le parc comme on sort dans sa propre cour ». Pour les cours de taxonomie végétale et autres cours d’écologie ou encore pour des projets de recherche, le parc du Mont-Bellevue était un superbe terrain d’études. Idem pour le professeur retraité Gilles Quenneville de la Faculté des sciences de l’activité physique, qui a organisé de nombreuses séances de cours en plein air dans le parc.

Rappelons que l’Université de Sherbrooke est propriétaire de quelque 75 % de la superficie du parc du Mont-Bellevue comprenant, notamment, le sommet du mont J.-S.-Bourque, et la Ville est propriétaire du quart du territoire, lequel inclut la station de ski municipale et la croix lumineuse. Ce parc naturel de 200 hectares, le plus grand îlot forestier en périmètre d’urbanisation, est un véritable joyau autant pour l’Université que pour la population sherbrookoise et environnante. Pour les usagers, ce parc est un espace nature de grande qualité permettant la pratique d’une belle diversité d’activités.

Un programme de suivi de l’intégrité écologique du parc

Avec le projet de réserve naturelle universitaire pour le parc (voir encadré plus bas), la vocation d’écosystème-école est appelée à prendre une tout autre dimension. En 2017, un comité interne à l’UdeS composé de spécialistes, notamment en écologie et en géomatique, ainsi que d’usagers a été mis sur pied pour faire des recommandations à la Direction relativement à la protection du parc du Mont-Bellevue. Ce comité a proposé la mise sur pied d’un programme de suivi de l’intégrité écologique (PSIÉ) pour le parc.

Un PSIÉ est un outil d’évaluation sur le long terme de l’état de santé d’un milieu naturel. Il repose sur l’identification d’une série d’indicateurs. Parmi ceux retenus pour le parc du Mont-Bellevue, huit touchent la dimension écologique, par exemple le suivi des espèces végétales les plus sensibles, le suivi des amphibiens, le suivi des oiseaux nicheurs ou le suivi des espèces exotiques envahissantes. En parallèle, sept autres indicateurs mesurent l’activité humaine.  Y figurent, en autres, l’état des sentiers, l’achalandage, les perturbations anthropiques observées sur le territoire ou en périphérie. En contexte universitaire, le PSIÉ peut évidemment grandement bénéficier des activités d’enseignement et de recherche.

Cours d’écologie au mont Bellevue.

À partir d’une liste préliminaire d’indicateurs établie par le comité interne, deux équipes du Centre universitaire de formation en environnement et développement durable ont travaillé, lors des sessions d’automne 2019 et d’hiver 2020, à mieux définir le PSIÉ. Elles ont raffiné le choix des indicateurs, proposé des protocoles et identifié des partenaires au sein de la communauté universitaire ou à l’externe pour assurer le suivi des indicateurs.

Des étudiantes et des étudiants sont appelés à collecter les données sur le terrain pour plusieurs indicateurs du PSIÉ dans le cadre de différents cours dans plusieurs programmes. Des exemples : le suivi du broutage du cerf de Virginie est pris en charge dans le cours d’écologie avec le coordonnateur de laboratoire Patrice Bourgault et le suivi de la flore fera l’objet d’activités d’écologie végétale avec Rosalie Léonard, également coordonnatrice de laboratoire. On explore actuellement la possibilité d’intégrer le suivi de l’utilisation périphérique des terres à des activités pédagogiques en géomatique. Par ailleurs, les étudiantes et étudiants d’un cours d’économie de l’environnement de la professeure Jie He ont travaillé à un protocole pour évaluer l’évolution de l’achalandage du parc année après année, ainsi que la valeur des services écosystémiques rendus et un étudiant poursuit le travail sur le protocole dans le cadre de son essai de maîtrise.

Une réserve naturelle universitaire pour préserver ce joyau urbain

Le statut de réserve naturelle est un outil de conservation pour les milieux naturels. Cette désignation est attribuée par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. La reconnaissance d’un territoire comme réserve naturelle est une démarche entièrement volontaire des propriétaires. Elle se fonde sur les caractéristiques naturelles d’une propriété et sa reconnaissance est scellée par une entente conclue entre le MELCC et les propriétaires. Cette entente enchâsse les objectifs de conservation et les mesures de protection que les propriétaires s’engagent à mettre en œuvre. Ainsi, l’ensemble des activités permises et prohibées doivent être convenues avec le MELCC et sont décrites dans l’entente. Les activités de recherche et d’éducation y sont généralement permises, bien que soumises à certaines conditions. L’entente devient effective lors de sa publication dans la Gazette officielle du Québec et elle est également inscrite au registre foncier. Ainsi, tous les acquéreurs subséquents d’une propriété désignée comme réserve naturelle sont liés à cette entente.

La demande de reconnaissance du parc du Mont-Bellevue comme réserve naturelle a été déposée au MELCC en juin 2019. Le dossier est actuellement en analyse. L’Université espère recevoir une visite terrain des biologistes du MELCC tôt au printemps 2021 (visite qui a été retardée en raison de la pandémie). Une fois le dossier accepté, la phase de conclusion de l’entente avec le MELCC devrait s’échelonner sur quelques mois.

Au-delà des caractéristiques naturelles du parc

Outre le PSIÉ, de nombreuses autres opportunités pédagogiques se présentent avec le parc comme contexte, sujet ou lieu d’apprentissage.

  • À la Faculté d’éducation, les cours Différenciation et interdisciplinarité (FPI333) et Écosystèmes et relations (ECL111) se déroulent en partie au parc du Mont-Bellevue sur une base régulière, alors que le cours Programme cadre d’activités libres (CLP403) a été utilisé par certains étudiants et étudiantes pour expérimenter des approches par atelier et par projet inspirés de pédagogies innovatrices dans la nature.
  • Les cours Activités individuelles estivales et hivernales (EPS168 et EPS153) offerts à la Faculté des sciences de l’activité physique ont en partie lieu au parc du Mont-Bellevue.
  • En 2019, des étudiantes et étudiants du cours Pratique environnementale de l’in situ (ART222) du certificat en arts visuels de la Faculté des lettres et sciences humaines ont installé l’œuvre « Casse-toi pas le bicycle, tire-toi une bûche! », un clin d’œil à la démarche de préservation et de conciliation des usages en cours.
  • Les étudiantes et étudiants de cours de méthodologie en géomatique appliquée comme Milieux polaires (GAE550) et Principes de télédétection (GMQ250) effectuent respectivement des mesures des caractéristiques de la neige et des mesures spectrales sur l’environnement aux abords de la station SIRENE située à la limite du parc.
  • Au CUFE, Les cours Communication et acceptabilité sociale (ENV826), Les écosystèmes (ENV230), Évaluation de la valeur écologique (ENV809Aménagements de collectivités durables (ENV817) sont en lien avec le parc du Mont-Bellevue sur une base ponctuelle ou régulière. 

Le Pôle d’enseignement supérieur de l’Estrie (PRESE) a par ailleurs soutenu le projet pédagogique « Vers la première oasis de ciel étoilé en milieu urbain autour de la réserve naturelle du parc du Mont-Bellevue », un projet impliquant le Cégep de Sherbrooke, l’Université de Sherbrooke, l’Université Bishop’s, Hydro-Sherbrooke, l’AstroLab du Mont-Mégantic.

Le défi de conserver cet écosystème-école

En 2017, les propriétaires que sont la Ville et l’Université de Sherbrooke font le constat général que l’effort de gestion de ce territoire n’a pas été ajusté à la pression toujours croissante qu’il subit, comme le développement d’activités humaines de toutes sortes, les comportements des usagers ou même le développement domiciliaire en périphérie du parc. Émerge alors le désir de rectifier la situation et de vraiment concrétiser la volonté de protection du milieu maintes fois affirmée lors d’exercices de planification passés. Le défi, en somme, consiste à maintenir pour les générations futures les caractéristiques naturelles de ce milieu si prisé et ce, autant pour l’enseignement, la recherche et tout l’éventail d’autres activités qu’on peut y mener

Un défi important lié à la conservation du parc est celui de bien communiquer le fait que cette « pression » (qui est multifactorielle, graduelle et insidieuse) reste malgré tout bien réelle et croissante. Bref, il faut faire savoir qu’il y a une certaine urgence d’agir pour préserver ce territoire. Ce défi est d’autant plus grand qu’il interpelle directement les usagers et leur relation au parc. Si chacun n’est pas en mesure de voir l’effet de son propre usage sur le territoire, la somme de ces effets, elle, est avérée. En effet, la comparaison d’études sur le terrain menées depuis 2007 montre bien une dégradation du milieu. Considérant l’importante charge émotive que soulève ce dossier, le statut de réserve naturelle ne saurait à lui seul garantir l’intégrité du territoire. 

C’est dans cette perspective que de nombreuses actions ont été déployées. Ainsi, souhaitant mettre fin à une certaine polarisation qui se dessinait entre les usagères et usagers du parc, l’Université et la Ville ont mis sur pied à la fin de 2018 l’Alliance pour la création d’une réserve naturelle. Cette table de concertation rassemble différentes parties prenantes du projet et est coordonnée par le Regroupement du parc du Mont-Bellevue, partenaire du projet. Depuis l’été 2020, une patrouille – dont plusieurs membres sont des étudiantes et étudiants de l’Université – est présente dans le parc et elle développe progressivement diverses activités de sensibilisation, toujours sous la coordination du Regroupement.

En somme, le PSIÉ constitue un outil très structurant pour assurer une prise de décision fondée sur des données probantes. Le développement et la mise en valeur des projets d’enseignement et de recherche qui se déroulent dans le parc sont en cours. Différentes actions de réfection et d’amélioration des infrastructures (sentiers et signalisation) sont également assurées par la Ville avec des partenaires. Le Regroupement du parc du Mont-Bellevue travaille à la concertation et à la sensibilisation, en collaboration avec la Ville et l’Université. Cette effervescence contribue à en faire un exceptionnel lieu de formation universitaire.

Ressources

L’ensemble des travaux de l’Alliance pour la création d’une réserve naturelle pour le parc du Mont-Bellevue est disponible sur le site du Regroupement du parc du Mont-Bellevue.

L’état d’avancement du projet de réserve naturelle peut être consulté sur le site de la Ville de Sherbrooke.

Et pour prendre connaissance des liens entre l’Université de Sherbrooke et le parc.

Vidéo | Réserve naturelle universitaire en devenir

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