Retour sur le forum du 17 avril 2019
Quelles sont les caractéristiques d’une diplômée ou d’un diplômé écoresponsable idéal à l’UdeS? Comment parvenir à former une telle personne? Quelles sont les points de convergence et de divergence entre les facultés à ce sujet? Et quelles sont les contributions et les défis des différents membres de la communauté universitaire à cet égard, qu’ils soient étudiantes ou étudiants, professeurs, chargés de cours, professionnels ou membre du personnel administratif?
Voilà les questions lancées aux quelque 70 personnes ayant pris part au forum du 17 avril dernier. L’événement a rassemblé de façon à peu près équivalente des personnes provenant des huit facultés et occupant l’un des quatre rôles suivants, soit les postures étudiante ou étudiant, professorale, de chargée, chargé de cours, ou celle de membre du personnel pédagogique ou administratif. Outre cette mise en dialogue, l’événement visait également à alimenter une stratégie ou des actions institutionnelles dans ce domaine.
Une conception large de l’écoresponsabilité qui permet de connecter les disciplines entre elles
D’emblée, la professeure Christine Hudon, vice-rectrice aux études, a insisté sur le caractère multidimensionnel de l’écoresponsabilité, donc l’idée qu’il s’agit de considérer les enjeux écologiques, économiques, sociaux, voire culturels et ce, sur le long terme (voir également le Fin mot de la dernière parution). À partir d’une telle conception de l’écoresponsabilité, les discussions ont permis de mettre en lumière de nombreuses initiatives de l’ensemble des facultés en la matière. Une préoccupation partagée émerge quant à l’idée que la formation de nos diplômés, futurs professionnels, gagnerait à être teintée d’une compétence « écoresponsable » propre à leur discipline. Dans les discussions et échanges, les enjeux climatiques ont pris également une place importante, compte tenu des constats scientifiques qui en appellent à des changements de plus en plus urgents.
Ce forum a permis de mettre en valeur des initiatives pédagogiques dans différentes disciplines par le biais de courtes présentations portant notamment sur les cliniques de droit, l’intégration de l’approche cycle de vie dans les programmes de génie ou une nouvelle initiative portant sur la formation d’acteurs de changement. Regroupés par faculté, les participants étaient ensuite invités à identifier les caractéristiques d’une diplômée ou d’un diplômé écoresponsable, à définir un profil pour de tels diplômés, ainsi que des façons d’y parvenir. Une rapide analyse de fréquence des idées notées par chaque table facultaire nous permet de dresser un portrait des caractéristiques qui apparaissent les plus importantes pour les participants du forum. Les éléments suivants ont été mentionnés par une majorité de tables facultaires (5 occurrences et plus) :
- Conscience (des impacts de ses choix, de ses comportements, de son empreinte carbone, des enjeux)
- Sens critique et réflexivité
- Pensée ou vision systémique (faire des liens entre les enjeux)
- Sensibilité, empathie, humilité
- Engagement
- Influenceur, acteur de changement
En outre, une majorité de tables a fait des liens spécifiques avec l’agir professionnel. Par exemple, la table de la Faculté des sciences de l’activité physique a mentionné l’alimentation écoresponsable et la santé, alors que l’agir du futur enseignant au primaire ou au secondaire a fait l’objet des discussions à la table de la Faculté d’éducation.
Chaque table facultaire a également réfléchi à la définition d’un diplômé écoresponsable dans son contexte professionnel particulier. Qui plus est, l’une des tables a également tenté de définir un enseignant écoresponsable. Sa capacité à travailler en équipe, à s’adapter, à animer ainsi que son humilité tout en étant savant sont parmi les caractéristiques évoquées.
Former à l’écoresponsabilité par l’action
Pour développer ces caractéristiques chez nos diplômés, l’idée de former par l’action (projets réels, concrets, avec impacts, activités pratiques, stages, projets dans la collectivité) est l’avenue qui semble la plus prisée. L’idée de procéder à une intégration transversale (liens entre certains cours ou dans une approche programme), de même que l’ajout d’un cours obligatoire ou encore la définition de nouvelles compétences sont également évoqués.
Contributions possibles et défis identifiés
Lors de la dernière période de discussion, les participantes et participants au forum, regroupées en fonction de leur rôle, étaient invités à identifier leurs contributions et les défis qu’ils perçoivent en lien avec la formation à l’écoresponsabilité et l’écocitoyenneté. La discussion a ainsi permis de relever de nombreuses pratiques actuelles qui vont d’éléments assez simples à d’autres plus complexes, comme par exemple :
- Le recours à de la contextualisation ou à des exemples environnementaux ou sociaux pour l’enseignement de diverses matières (en mathématiques, calculer les nutriments offerts par la viande de porc par opposition au phosphore émis dans un contexte de gestion des rejets);
- Former en milieu naturel, en éducation physique, mais aussi dans d’autres disciplines;
- Diverses initiatives d’apprentissage par le service à la collectivité où une équipe d’étudiants doit mener un mandat pour un organisme communautaire ou d’économie sociale (c’est le cas en gestion, pour certaines cliniques de droit, ainsi qu’en environnement);
- Réaliser des projets au service de l’institution, dans l’idée d’utiliser le campus comme laboratoire de développement durable, avec la possibilité de lier les travaux d’étudiants aux politiques et opérations institutionnelles;
- Inviter des étudiants de diverses disciplines à questionner, réagir et commenter les projets d’étudiants en gestion;
- Inclure une dimension d’écoresponsabilité dans les projets intégrateurs ou en lien avec les stages.
En outre, le fait que plusieurs membres de la communauté universitaire soient déjà en lien avec le terrain pour des projets de recherche et d’enseignement est notamment vu comme un facteur facilitant, de même que l’importance de travailler en réseau ou de se constituer un réseau de collaborateurs sur le terrain.
Au chapitre des défis, les participants au forum ont réaffirmé l’importance d’un engagement institutionnel, facultaire, départemental ou au niveau du programme en matière d’écoresponsabilité. Le manque d’espace dans les cours et les programmes est soulevé comme un autre défi important : jusqu’à quel point peut-on intégrer la dimension citoyenne sans enlever autre chose? Ainsi des facteurs organisationnels, liés aux tâches déjà pleines ou au manque de temps sont aussi des freins à de tels changements.
Pour permettre de surmonter ces défis, les participants identifient les pistes suivantes :
- Favoriser l’interdisciplinarité, voire l’hybridation des programmes,
- Favoriser la formation des enseignants sur l’écoresponsabilité,
- Partir du désir et des intérêts des étudiants déjà interpellés et mobilisés quant à l’enjeu climatique, par exemple,
- Intégrer les étudiants à toute table ou comité,
- Réfléchir à la possibilité de structurer un guichet unique sur le sujet pour faciliter le partage d’information sur l’ensemble des sujets liés à l’écoresponsabilité (enseignement, recherche, opérations).
En conclusion, le forum du 17 avril dernier sur l’écoresponsabilité dans la formation s’est avéré important parce que…
- Les professions et la société amènent l’université et les programmes à se positionner sur cette question.
- Il a permis le réseautage autour d’initiatives similaires dans différentes disciplines.
- Il démontre la nécessité de créer des occasions de rencontres entre formateurs partageant ces objectifs.
- Plusieurs intervenants partageant les mêmes préoccupations ont collectivement demandé que les directions s’engagent et prennent action (stratégie institutionnelle).
Remerciements
L’ensemble des personnes ayant participé au forum et, plus particulièrement, Miguel Aubouy, Jean-Sébastien Dubé, Ariane Hillman Beauchesne et Chantale Tremblay pour leur rôle dans l’organisation, l’animation et la synthèse dont des éléments ont été repris dans cet article.
Pour accéder à la synthèse plus détaillée de l’événement, on peut communiquer avec veronique.bisaillon@usherbrooke.ca