Selon Costa et Kallick (2000), il s’agit des «caractéristiques de ce que font les gens intelligents lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes dont la solution n’est pas immédiatement évidente» [traduction libre].
En septembre 2012, l’expression «habits of mind» atteignait le volume maximal de recherche selon Google Trends. Un récent article du Chronicle of Higher Education mentionne : «References to habits of mind and ways of thinking have been cropping up regularly in descriptions of revised core curricula, course learning outcomes, and syllabi.» (Berrett, 2012) Depuis 2003, l’Australian Schools Network a adopté cette liste comme un outil permettant d’améliorer l’environnement d’apprentissage partout en Australie (Campbell, 2007).
Habits of minds se traduit mal. L’outil Linguee nous rapporte «façons de penser», «habitudes et habiletés intellectuelles», «habitudes mentales», «modes de pensée», «tournures d’esprit», etc. En attendant que l’Office québécois de la langue française se penche sur la question, nous préférons parler de «réflexes intellectuels» que l’on tente de développer chez les étudiants en vue de la résolution de problèmes complexes :
«… Not only are we interested in how many answers students know, but also in knowing how to behave when they DON’T know. Habits of Mind are performed in response to those questions and problems the answers to which are NOT immediately known. We are interested in observing how students produce knowledge rather than how they merely reproduce knowledge.»
(Costa et Kallick, 2000; emphases dans le texte original)
Dans la littérature scientifique, on attribue généralement l’apparition du concept à une série d’ouvrages de Costa et Kallick, notamment Habits of Mind – A Developmental Series (2000) et Discovering & Exploring Habits of Mind (2000). Costa et d’autres auteurs développaient cependant dès le milieu des années 1980 l’idée que les «penseurs efficaces» partagent certaines caractéristiques.
Toujours selon Costa et Kallick, ces «dispositions» ou «habitudes» des apprenants qui réussissent le mieux (successful learners ou peak performers) sont au nombre de 16 :
- Persisting
- Managing impulsivity
- istening with understanding and empathy
- Listening with understanding and empathy
- Thinking flexibly
- Thinking about thinking (metacognition)
- Striving for accuracy
- Questioning and posing problems
- Applying past knowledge to new situations
- Thinking and communicating with clarity and precision
- Gathering data through all senses
- Creating, imagining, innovating
- Responding with wonderment and awe
- Taking responsible risks
- Finding humor
- Thinking interdependently
- Remaining open to continuous learning
L’amplification dans le discours universitaire du concept d’habits of mind s’explique sans doute partiellement par la pression que subissent certaines disciplines fondamentales pour enseigner à leurs étudiants des habiletés dites «utiles pour le marché du travail». Ceux qui soutiennent cette idée rappellent qu’il est plus important de former une «bonne tête» que d’enseigner des faits, rapidement oubliés et facilement accessibles sur le Web. La difficulté d’enseigner de telles attitudes et de les évaluer est cependant évoquée par les sceptiques.
Sources
Berrett, Dan, «Habits of Mind: Lessons for the Long Term», The Chronicle of Higher Education, 8 octobre 2012 [contenu réservé aux abonnés].
Campbell, John, « Theorising Habits of the Mind as Framework for Learning», Australian Association for Research Education, 2007.
Costa, A et B. Kellick, « Describing 16 Habits of Mind», Association for Supervision and Curriculum Development, 2000 [article adapté de Habits of Mind: A Developmental Series, 2000].
McKernie, Kelsey, «Going Beyond the Bubble: Stanford’s New Approach to History Assessments», History News Network, 22 octobre 2012.
Millar, Erin, «Classroom of 2020: The future is very different than you think», The Globe and Mail, 22 octobre 2012.
Mindfulbydesign.com, Art Costa talks Habits of Mind, YouTube, 9 janvier 2009 [vidéo, durée : 1 min 11].