À la conclusion de notre dernière rubrique qui portait sur la gestion des portables en classe, nous annoncions notre intention d’aller plus loin en traitant de l’intégration des portables aux activités pédagogiques.
Une professeure ou un chargé de cours pourrait vouloir intégrer les portables à ses activités de formation afin d’accompagner en direct la recherche et l’analyse d’information par les étudiantes et étudiants, de faciliter la coordination des travaux d’équipe ou, plus généralement, pour se rapprocher de la pratique professionnelle probable des travailleurs de l’information du XXIe siècle.
Différents paramètres influenceront ensuite le niveau d’intégration des portables aux activités pédagogiques.
Les formules pédagogiques privilégiées par le professeur
Le type d’usage que fera le professeur des portables dans sa classe dépendra en grande partie des formules pédagogiques qu’il utilise déjà dans sa classe. Plus le professeur est habitué à laisser le contrôle de l’activité aux étudiantes et étudiants, plus il lui sera facile d’intégrer le portable aux activités de la classe.
Par exemple, un professeur qui a déjà intégré des activités collaboratives dans son cours aura plus de facilité à planifier des activités collaboratives qui intègrent l’utilisation du portable. Si par contre le professeur a l’habitude de donner un cours magistral ponctué de questions et de discussions, il aura tout intérêt, dans un premier temps, à limiter l’intégration des portables à des activités plus contrôlées telles que la recherche d’informations à partager avec le groupe ou la réponse à une question. Par la suite, il pourra se familiariser avec d’autres usages du portable en salle de classe.
Le nombre d’étudiants dans la classe et le pourcentage d’étudiants qui sont munis d’un portable
Le type d’usage qu’on fera du portable en classe dépendra également du nombre d’étudiants dans la classe et du nombre d’étudiants munis d’un portable. Comme pour toute activité pédagogique, une activité qui intègre le portable doit être planifiée en fonction du nombre d’étudiantes et d’étudiants dans la salle de classe.
De plus, le pourcentage d’étudiants munis d’un portable viendra également influencer le type d’activité possible. Il est en effet plus facile de prévoir une activité lorsque 75 % des étudiants sont munis de portables plutôt que dans une situation ou 10 % des étudiants disposent d’un ordinateur.
Le domaine d’études
On pourrait penser que des domaines tels que le génie, les sciences et l’administration se prêtent plus facilement à l’intégration des portables parce que l’usage que l’on fait de l’informatique dans l’activité professionnelle est abondant. Toutefois, tous les domaines d’études peuvent bénéficier d’une intégration pédagogique du portable. Qu’il s’agisse de collaboration ou de construction de connaissances, le portable peut s’avérer un outil très efficace dans des domaines comme la psychologie (Efaw et al., 2004), l’histoire et la littérature.
En tenant compte des paramètres précédents, on détermine ensuite le type d’utilisation le plus approprié pour notre cours. Toute intégration du portable, du moment qu’elle est planifiée par le professeur, devrait avoir un effet positif sur une utilisation plus profitable – d’un point de vue universitaire – de l’ordinateur. Selon Kay et Lauricella (2011), une telle pratique permettrait de diminuer le temps passé à des activités extracurriculaires, telles que l’envoi de courriels et la participation à des jeux en ligne.
Par une utilisation universitaire profitable des ordinateurs portables, on entend notamment des usages actifs, collaboratifs ou authentiques de ces appareils.
Usages actifs
L’utilisation du portable pour contribuer à rendre l’apprentissage plus actif dans un contexte d’enseignement magistral.
Par exemple :
- Demander aux étudiantes et étudiants d’aller chercher de l’information pour contribuer à une discussion;
- Utiliser un document vidéo (ex : YouTube) ou un graphique tiré d’un site Web comme amorce à un cours (Efaw et al., 2004, p. 12);
- Demander aux étudiants de solutionner un problème sur leur portable, puis afficher les solutions à l’avant de la classe (Efaw et al., 2004, p. 13);
- Demander aux étudiantes et étudiants de répondre à un sondage en ligne. L’outil sondage dans Moodle permet de simuler le genre de sondage généré par un système de télévoteurs (clickers). Par ailleurs, certains de ces systèmes permettent aux étudiants de répondre à partir de leur portable.
Usages collaboratifs
L’utilisation du portable pour contribuer à une activité de groupe.
Des exemples :
- Remue-méninges en équipe autour d’un concept ou d’une mise en situation. Les portables sont utilisés pour consigner les résultats du remue-méninges. Les documents issus de cette activité sont ensuite déposés, par exemple, dans un outil du genre «dépôt de devoirs» dans Moodle. Les documents peuvent ensuite être repris par l’enseignant et projetés à l’ensemble de la classe;
- Une activité collaborative de type jigsaw peut profiter de l’intégration du portable en les utilisant pour documenter l’information en équipes «d’experts» pour retransmission aux équipes «générales» ou pour avoir accès à des documents reliés à l’activité;
- Dans le cadre d’un projet d’équipe, prévoir certaines étapes qui seront réalisées en classe à l’aide des portables disponibles.
Usages authentiques
L’utilisation du portable pour permettre aux étudiantes et étudiants d’accéder à des documents ou à des outils authentiques.
Exemples :
- Utilisation de journaux ou de documents d’époque numérisés pour comprendre un phénomène historique;
- Utilisation de logiciels issus du domaine professionnel pour solutionner un problème ou prendre des décisions.
Enfin, notons qu’il importe avant tout de prendre le temps de planifier les activités pédagogiques qui intègrent l’utilisation du portable. Il ne s’agit pas d’utiliser les portables seulement parce qu’ils sont là, parce qu’il faut «faire avec».
Si ce n’est déjà fait, nous vous invitons d’ailleurs à relire la rubrique «Avec classe» précédente. Car avant même d’intégrer le portable aux activités du cours, il faut d’abord avoir précisé ses attentes quant à l’utilisation des appareils et mis en place quelques stratégies de gestion de classe.
Références
Balbir, Gil, «Télévoteurs : comment les intégrer à son enseignement», Affaires universitaires, 8 juin 2009.
Efaw, James, Scott Hampton, Silas Martinez et Scott Smith, « Miracle or Menace: A Study of Teaching with Laptop Computers in the Classroom», EDUCAUSE Quarterly, no 3, 2004, p. 10-18.
Kay, Robin H. et Sharon Lauricella, « Structured vs. Unstructured Use of Laptops in Higher Education», The Journal of Information Technology Education: Innovations in Practice, vol. 10, 2011, p. 33-42.
Kay, Robin H. et Sharon Lauricella, «Exploring the Benefits and Challenges of Using Laptop Computers in Higher Education Classrooms: A Formative Analysis», Revue canadienne de l’apprentissage et de la technologie, vol. 37, no 1, printemps 2011, p. 1-18.
Schreyer Institute for Teaching Excellence, « Jigsaw Strategy», Penn State University, 2007, 4 p.
Viens, Jacques, «Formules pédagogiques», Formules pédagogiques et intégration des TIC [site Web], Université de Montréal, 1999.