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L’Incubateur d’innovations pédagogiques, pour une nouvelle convivialité autour de l’enseignement

Un midi par mois, au Campus de Longueuil, une quinzaine de personnes se réunissent. Elles sont professeurs, chargés de cours, étudiants aux cycles supérieurs, conseillère pédagogique, coordonnatrice de programme, bibliothécaire et même technicien en informatique. Tous parlent d’enseignement. L’un évoque la difficulté qu’il rencontre à évaluer les travaux dans son cours, l’autre souhaite obtenir des idées pour rendre ses cours plus dynamiques. Tous écoutent avec attention et respect, ravis de cette occasion de codéveloppement sans cloisonnement disciplinaire.

Presque toutes les facultés sont représentées dans le même édifice, au Campus de Longueuil. Cette diversité offre un potentiel d’enrichissement des pratiques en plus d’encourager le partage d’idées et la création de projets communs entre les disciplines.
Photo : UdeS

Cette rencontre mensuelle d’une communauté de pratique n’est qu’une des activités organisées par le nouvel Incubateur d’innovations pédagogiques (i2P). Selon les mots de Marilou Bélisle, professeure au Département de pédagogie de la Faculté d’éducation et directrice scientifique de l’Incubateur, cette communauté de pratique est l’occasion d’« ouvrir de petites fenêtres » sur la pédagogie. On veut que l’enseignement universitaire devienne « objet de discussion, de partage de pratiques et d’approfondissement ».

Autre exemple d’activité, le vendredi 30 novembre dernier avait lieu l’événement i2P ton cours, inspiré de la communauté Thésez-vous réunissant des étudiantes et étudiants pour rédiger en commun thèses et mémoires. À l’approche du semestre d’hiver, i2P ton cours s’adressait à tous les enseignants et enseignantes qui développent un cours. L’activité offrait des moments de travail en commun, des moments de travail individuel, ainsi que des moments de partage avec les autres participants. Qui a dit que la scénarisation pédagogique devait être une activité solitaire?

Quelques commentaires des personnes participantes

« Se donner du temps pour réfléchir à son enseignement et en discuter avec d’autres, c’est se faire un cadeau. »
« C’est rafraichissant. »
« Je repars avec de nouvelles idées. »
« On a des préoccupations communes. »

L’Incubateur, c’est un lieu

Voilà bien ce que veut être l’Incubateur : un espace informel, un lieu d’idéation et de cocréation, un endroit pour se donner le temps de réfléchir à son enseignement et de bénéficier de l’expérience des autres enseignants présents. Ainsi, les membres de l’équipe permanente de l’Incubateur n’offrent ni atelier ni formation; ils ne se présentent pas comme des experts malgré leur expertise en pédagogie. Ils sont professeur, conseillère pédagogique, concepteur numérique, assistant de recherche en pédagogie universitaire, et se présentent comme des coachs, des accompagnateurs.

Marilou Bélisle

Dans une analyse préliminaire de besoins menée en avril 2018, un sondage (102 répondants) et des entretiens (une douzaine) ont été réalisés auprès d’enseignantes et d’enseignants de l’université. Plus de 70 % des répondants indiquaient un intérêt élevé pour « développer des compétences numériques », « approfondir des connaissances sur l’enseignement et l’apprentissage » et « développer des compétences pédagogiques ». Plus de 60 % souhaitaient « discuter de pratiques innovantes », « concevoir des activités en collaboration » et « évaluer les retombées pour l’apprentissage ». Environ 58 % étaient intéressés à échanger des idées avec des représentants de différentes disciplines.

À l’été 2019, l’équipe de l’Incubateur emménagera dans un espace physique permanent dédié à l’enseignement au-delà des disciplines. Un milieu de vie inspirant, rempli de ressources, où l’on pourrait laisser sur les murs des commentaires d’étudiants, des traces de projets antérieurs. Un endroit accessible en tout temps, par tout le monde, où l’on aura envie de s’arrêter prendre un café et discuter avec qui serait présent. Un lieu qui donnera une visibilité à l’enseignement et à l’apprentissage et, surtout, qui met l’expérience d’apprentissage au coeur des discussions. Dans l’intervalle, la salle L1-4680 est dédiée à l’i2P.

L’Incubateur, c’est des gens

Il n’est pas anodin que l’Incubateur soit situé au Campus de Longueuil, car l’absence d’un tel lieu d’appartenance et de rencontres a été souligné par tous les participants aux entretiens. Presque toutes les facultés sont représentées dans le même édifice. Cette diversité offre un potentiel d’enrichissement des pratiques en plus d’encourager le partage d’idées et la création de projets communs entre les disciplines.

L’Incubateur est un espace informel, un lieu d’idéation et de cocréation, un endroit pour se donner le temps de réfléchir à son enseignement et de bénéficier de l’expérience des autres enseignants présents

Marilou Bélisle insiste sur l’importance du réseautage lorsque l’on cherche à développer son enseignement. La rencontre avec d’autres formateurs permet de mettre des mots sur sa pratique, de générer de nouvelles idées de projet, parfois de réorienter une démarche en cours ou encore d’accélérer le processus de conception et d’implantation d’une innovation. La provenance variée des autres participants enrichit les discussions. Par exemple, on a décidé d’emblée que les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs feraient partie des réflexions lors des activités de l’Incubateur, comme partie prenante des innovations pédagogiques qui y seront développées. D’ailleurs, certains étudiants sont aussi enseignants à titre de chargés de cours.

Au cœur de l’Incubateur, au centre de la communauté de pratique, il y a les « incubés » : des responsables de projets d’innovation pédagogique qui bénéficient de l’accompagnement de l’équipe et acceptent de s’engager dans une démarche de scholarship of teaching and learning (SOTL). Pour la phase de démarrage actuelle, trois équipes sont accompagnées. Dès 2019-2020, on accompagnera jusqu’à cinq projets en parallèle, en considérant que chaque équipe naviguera à son rythme, selon l’ampleur du projet et la disponibilité des ressources.

Les conditions d’engagement des « incubés »
Expérimenter une démarche SOTL pour appuyer son parcours d’innovation.Participer à une communauté de pratique pour une période minimale correspondant à la durée de son parcours d’innovation.Présenter l’état d’avancement de son parcours d’innovation à la communauté de pratique, débattre de sa valeur sur le plan pédagogique et discuter d’enjeux associés à sa mise en oeuvre.Collaborer à la documentation et à la diffusion de son projet d’innovation et de son expérience SOTL.

L’Incubateur, c’est une démarche de raisonnement pédagogique (le SOTL)

Marilou Bélisle explique, à propos du SOTL : « Nous voulons proposer à nos collègues une démarche éclairée pour raisonner la pédagogie en se basant sur un cadre méthodologique éprouvé et rigoureux. Cette démarche invite à explorer des écrits et exemples de pratiques sur lesquels appuyer les innovations pédagogiques. Elle fournit des pistes pour analyser la pratique et des leviers pour soutenir l’implantation des projets. On y trouve également de quoi évaluer l’impact de l’innovation, ainsi que des incitatifs à diffuser les retombées de celle-ci pour les individus et le milieu de pratique. »

L’accompagnement des « incubés » par l’équipe de l’i2P
1. Analyser les besoins, définir le projet et le cahier de charge.
2. Soutenir l’expérimentation de la démarche SOTL.
3. Effectuer une veille scientifique en lien avec le projet d’innovation pédagogique.
4. Colliger et analyser des données en regard du projet d’innovation pédagogique.
5. Documenter l’expérience des « incubés » et l’avancement du projet d’innovation pédagogique.

L’équipe de l’Incubateur garde des traces de ces développements et documentera les processus, tant à propos du vécu des « incubés » et de l’évolution de chaque projet que de l’activité entourant l’Incubateur. Déjà, la professeure Bélisle constate qu’émergent des trois équipes accompagnées – en gestion, en réadaptation et en sciences infirmières – des enjeux communs par le biais des préoccupations disciplinaires. La question des compétences transversales, notamment les savoir-être, rallie les gens. Y aurait-il des rapprochements à faire entre la compassion à développer chez les professionnels de la santé et l’humilité (voire l’empathie) requise par les étudiants qui s’engagent dans une démarche entrepreneuriale? Si l’on ne veut pas former des « gestionnaires de la réadaptation », on veut néanmoins qu’ils sachent gérer la pratique de manière à la faire avancer…

Autrement dit…

Si un incubateur peut être défini comme un « organisme qui aide de nouvelles entreprises à démarrer en leur fournissant des locaux, des services multiples, des conseils et de la formation jusqu’à ce qu’elles deviennent autonomes, et en favorisant les échanges avec des entreprises déjà installées » (Office québécois de la langue française, 2002), alors il faut sans doute voir l’idée d’entreprise plus largement, comme « une démarche que l’on entreprend » et non seulement comme un projet d’affaires. Pour Marilou Bélisle et son équipe : « L’Incubateur, c’est avant tout une aventure humaine où générosité et bienveillance sont au rendez-vous pour donner un souffle nouveau à la pédagogie universitaire! »

Pour toute question concernant l’incubateur : ip2@usherbrooke.ca

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