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Des pratiques d’étude efficaces pour favoriser la réussite

Le meilleur gage de réussite est l’engagement de la personne étudiante dans son apprentissage. Plus qu’une simple présence physique et au-delà de la participation aux activités d’apprentissages, l’engagement est un processus qui prend en compte les dimensions affectives, cognitives, métacognitives et comportementales (Corbin et al., 2023). Alors que les quatre dimensions entrent en jeu pour favoriser la réussite, la corrélation entre la réussite et les dimensions métacognitives et comportementales serait plus forte, ce qui fait de ces deux dimensions d’importants prédicteurs de la réussite chez les personnes étudiantes.

La personne enseignante a une responsabilité de créer les conditions pour favoriser l’engagement des personnes étudiantes en classe ou dans les tâches évaluatives, même si cet engagement reste un choix de la personne étudiante. Comme l’apprentissage continue aussi en dehors de la classe, où la personne enseignante n’est pas présente, il est plus difficile d’influencer cette partie de l’apprentissage, impliquant qu’une majorité des personnes étudiantes de soient pas informées de l’efficacité des différentes stratégies d’apprentissages. Cette lacune expliquerait la tendance qu’ont les personnes étudiantes à utiliser des techniques d’études globalement peu efficaces (Corbin et al., 2023).

Faire des résumés, relire les notes de cours, souligner ou surligner les passages importants dans un texte et utiliser des moyens mnémotechniques pour mémoriser des contenus sont des stratégies d’apprentissage et d’étude communes. Elles impliquent une attention un peu plus importante que l’écoute ou la lecture passive, mais il en résulte généralement un apprentissage superficiel, par cœur, et l’information est difficilement récupérable dans de nouveaux contextes.

D’autres stratégies d’études permettraient toutefois des apprentissages plus profonds et favoriseraient la réutilisation des informations dans des contextes divers. Ces stratégies d’étude (Corbin et al., 2023), qui sont présentées dans le Tableau 4, utilisent les quatre mécanismes identifiés comme étant à la base de l’apprentissage par les recherches en neurosciences : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information et enfin, la consolidation des acquis (Dehaene, 2018). L’attention permet la sélection de l’information traitée par les sens de la personne apprenante. En formulant de nouvelles hypothèses, l’engagement actif initie la création de liens et une première inscription dans la mémoire à long terme. Le retour d’information consiste en une récupération des informations encodées dans la mémoire à long terme et en leur traitement à l’aide des informations contenues dans la mémoire de travail. Ce processus permet de corriger les représentations erronées. La consolidation des acquis consiste en un aller-retour entre la mémoire de travail et la mémoire à long terme pour créer plus de liens entre les nouvelles informations et les informations déjà présentes dans la mémoire à long terme. La multiplication des liens vers une même information permet d’atteindre cette information par plusieurs chemins, impliquant un apprentissage en profondeur.

 

 

Tableau 4 – Stratégies d’études pour un apprentissage en profondeur

Pratique des tests S’autoévaluer ou se tester sur du matériel à apprendre
Interrogation élaborative Fournir des explications sur la véracité d’un fait ou d’un concept
Explicitation Expliquer comment de nouvelles infos sont liées à celles déjà connues ou à expliquer le raisonnement lors de la résolution de problème
Apprentissage autorégulé Organiser, contrôler et réguler ses apprentissages
Apprentissage distribué Répartir dans le temps les épisodes d’apprentissage via un calendrier de révision par exemple
Apprentissage entrelacé Alterner les différentes matières à apprendre ou les différents types d’apprentissages au cours d’une seule session d’étude

 

Les façons de mettre en pratiques ces stratégies d’études peuvent être plurielles et même ludiques. En créant un jeu questionnaire incluant des questions provenant de la matière de plusieurs cours, il est possible d’intégrer la pratique des tests et l’apprentissage entrelacé. Les IA pourraient être mises à contribution pour créer ces questions, mais la création de celles-ci serait, en soi, une première approche de la matière à apprendre. De plus, si plusieurs personnes étudiantes créent des questions et les mettent en commun pour jouer ensemble, la confrontation des idées et l’explication des intentions derrière la question ouvrent sur l’interrogation élaborative et l’explicitation. Il ne reste qu’à répéter le jeu à quelques reprises pour inclure l’apprentissage distribué. Si l’utilisation du principe du jeu questionnaire créé collectivement persiste, la formulation des questions évoluerait possiblement pour gagner en clarté et devenir plus représentative des informations importantes du cours puisque, dans un apprentissage autorégulé, les personnes démontreront une meilleure compréhension de ce dont ils ont besoin pour mieux apprendre et adapteront leurs questions en ce sens.

Cette version du jeu questionnaire est un exemple théorique de l’application des stratégies d’apprentissages efficaces dans le cadre de l’étude. Seriez-vous prêts à le tester ou avez-vous d’autre idées d’application?

Références

Corbin, L., Duguet, A., Berthaud, J. et Morlaix S. (2023). Les pratiques d’étude en première année universitaire: analyse descriptive et effets d’un dispositif « apprendre à apprendre ». Évaluer. Journal international de recherche en éducation et formation, 9(1), 79-102. https://doi.org/1048782/e-jiref-9-1-79

Dehaene, S. (2018). Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines. Odile Jacob.

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