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Le Service des stages et du développement professionnel (SSDP) : changement de nom ET nouveau rôle en apprentissage expérientiel

Depuis 2019, le Service des stages et placement (SPP) est devenu le Service des stages et du développement professionnel (SSDP). Nous avons demandé à Alain Tremblay, directeur général de ce service, de nous parler de la restructuration en cours.  Au-delà de ce changement de nom, quel en est l’objectif?  Qu’est-ce qui a changé concrètement?

Le SSDP… pour tout le monde

« Plusieurs oublient qu’il y a deux dimensions au travail du SSDP: le volet transactionnel et le volet relationnel. La partie transactionnelle, ce sont les affichages, les entrevues, les rapports, etc.  La partie relationnelle, c’est celle où l’on va conseiller, voire coacher les personnes étudiantes, être des grands frères, des grandes sœurs.  C’est la différence entre placer des stagiaires et les accompagner. »  Pour Alain Tremblay, si les conseillères et conseillers en développement professionnel sont reconnus pour leur service à la clientèle auprès des personnes étudiantes, ils le sont aussi auprès des employeurs.  C’est grâce à cette expertise qu’ils peuvent agir comme interface entre l’Université et le monde du travail, afin de favoriser la transition des personnes étudiantes vers le marché de l’emploi.

Alain Tremblay
Alain Tremblay

Or, le changement qui s’opère au SSDP, c’est que l’on souhaite de plus en plus offrir cette expertise à toutes les personnes étudiantes, même celles « ne faisant pas partie du régime coopératif ».  Alain Tremblay explique : « Nous soutenons déjà les stages entrepreneuriaux et, sur ce point, nous travaillons avec l’Accélérateur entrepreneurial Desjardins.  À terme, notre objectif est d’adapter et de structurer tranquillement l’offre du SSDP pour les étudiants « non coop », de manière à soutenir toutes les activités d’apprentissage en milieu de travail et expérientielles. Nous travaillons à la refonte des microprogrammes de stage et il sera éventuellement possible d’offrir un service à toute la communauté universitaire.  Notre objectif à moyen terme est d’appuyer toutes les personnes étudiantes en termes de préparation et de transition vers le marché du travail.

Il n’est pas question pour le SSDP de s’occuper des stages intégrés aux formations (stages cliniques, stages crédités, etc.). « Nous continuons à nous occuper de stages cocurriculaires », assure Alain Tremblay. « Mais, nous aimerions permettre à la communauté universitaire de bénéficier d’outils, par exemple de nos capsules d’autoformation. Un jour, on pourrait peut-être voir apparaître un microprogramme intitulé « Vers le marché du travail » qui s’adresserait aux étudiants d’histoire, de philosophie, de musique, etc. »  Le directeur Tremblay envisage la possibilité d’accompagner toutes les étudiantes et étudiants pour la préparation d’entrevues, la connaissance du marché du travail…  « Pour le moment, nous n’avons pas les ressources pour nous occuper de tout le monde mais, lorsque l’on cogne à notre porte, nous répondons favorablement. »

Mieux aligner les stages et les programmes

Alain Tremblay est catégorique : « Les stages ne doivent pas être divorcés des programmes.  Ce sont des milieux significatifs d’expérimentation, de mise en pratique des connaissances acquises dans les programmes.  Ils font partie des cursus. »  Il ajoute que le personnel du SSDP est à transformer ses outils de suivi (les microprogrammes de stage). « Lorsque possible nous allons personnaliser le plan de développement individuel (PDI) étudiant avec les finalités des programmes ou les profils de compétences des ordres professionnels.  Par exemple, les 12 qualités de l’ingénieur vont nous servir dans les PDI des programmes de génie plutôt que le profil de compétences générique utilisé par les autres programmes. »  Les stages pourront être davantage alignés aux finalités des programmes… dans la mesure où les programmes présentent des finalités claires, ce qui permet aux personnes étudiantes de se repérer tout au long de leur parcours, en classe ou en stage.

Par ailleurs, les activités du SSDP génèrent de nombreuses données utiles pour les programmes, qu’il s’agisse des compétences attendues dans les milieux de pratique ou des besoins de main-d’œuvre qui changent régulièrement dans divers domaines…  Le SSDP s’organise donc pour pouvoir partager de telles données aux facultés à tous moments, leur permettant d’ajuster les programmes au fur et à mesure et non seulement lors des évaluations périodiques.

« Nous avons une chance à Sherbrooke, c’est d’être groundé sur le marché de l’emploi.  Ça peut nous servir comme fer de lance pour l’amélioration continue de nos programmes. », ce qui ne signifie pas pour autant que les programmes universitaires se mettent à offrir de la formation technique qui réponde simplement aux besoins des employeurs.  De l’avis d’Alain Tremblay, « L’université permet d’exposer les étudiantes et étudiants à tous les pans de la connaissance.  Il faut arrêter de penser qu’on peut former un informaticien en quelques mois comme semblent le penser certains agents d’apprentissage en milieu de travail du gouvernement… »

Stages et personnes enseignantes

Si le SSDP tente de se rapprocher des programmes, le personnel enseignant pourrait-il tenir davantage compte des stages dans la formation universitaire?  Alain Tremblay nous explique que, dans le reste du Canada, les rapports de stage sont évalués par des professeures et professeurs. Alors qu’il n’est pas question d’aller dans cette direction à Sherbrooke, les personnes enseignantes peuvent néanmoins s’intéresser à ce que font les personnes étudiantes dans leurs stages. Par exemple, en génie civil, un crédit du programme est réservé pour permettre aux étudiantes et étudiants de retour de stages de présenter ce qu’ils ont fait à leurs paires et pairs, ainsi qu’aux personnes étudiantes nouvellement inscrites dans le programme. Ces présentations sont évaluées par des enseignantes et enseignants qui posent différentes questions aux ex-stagiaires, ce qui encouragent d’autres étudiantes et étudiants à faire de même. De l’avis d’Alain Tremblay, il s’agit d’un crédit bien « investi ». Il est convaincu qu’il faut créer de telles zones d’échange autour des stages.

Le DG croit que l’offre du SSDP vient complémenter le développement de compétences disciplinaires qui se produit dans les facultés. Les conseillère et conseillers en développement professionnel du SSDP peuvent accompagner les étudiantes et étudiants sur certains aspects intangibles de la formation que l’on appelle parfois les « compétences du futur » ou soft skills, comme la communication, la pensée critique, l’entregent, etc.  Par exemple, bien que les compétences disciplinaires soient essentielles pour occuper un emploi, ce seront les nombreuses entrevues simulées qui permettront aux candidates et candidats de trouver comment se distinguer suffisamment pour décrocher un stage particulièrement stimulant.  Indépendamment de leur formation disciplinaire personnelle, les conseillères et conseillers en développement professionnel peuvent soutenir les personnes étudiantes dans des dimensions comme la gestion de carrière, qui constitue un aspect  transversal de la vie professionnelle.

Nouveaux profils de stagiaires, nouveaux profils d’employeurs

Quand on demande au directeur du SSDP ce que signifie « augmenter son employabilité » en 2021, il est prompt à répondre « c’est de comprendre le marché de l’emploi mais aussi de bien se connaître soi-même… C’est quoi ma valeur ajoutée? C’est quoi le rôle que j’ai à jouer? »

Alain Tremblay a l’impression que les personnes étudiantes sont peut-être plus anxieuses et casanières qu’auparavant.  Il en veut pour preuve que les stages à l’international ou à l’extérieur du Québec – même avant la pandémie – sont très peu retenus.  « L’Université est un lieu de passage pour développer un paquet d’aptitudes, mais pour cela les jeunes doivent se mettre au défi eux-mêmes.  Il leur faut oser afin de saisir les opportunités qui s’offrent à eux.  C’est le temps d’utiliser ses trois ans d’études pour faire des expériences.  C’est le temps de faire des erreurs… payantes, puisqu’elles seront formatrices. » À son avis, les autres membres de la communauté universitaire doivent encourager cet esprit d’audace chez les personnes étudiantes : « Ils sont tellement brillants, faisons en sorte qu’ils utilisent leur brillance… »

M. Tremblay note que les employeurs ont aussi considérablement changé : « Ils trouvent encore que nos stagiaires sont compétents et bien préparés mais, pour la première fois depuis les années 1990, les employeurs sont en pénurie de main d’œuvre. Les entreprises doivent donc transformer leurs façons de recruter et, en général, elles doivent faire preuve de beaucoup plus de souplesse. »  Ainsi, des entreprises sont prêtes à examiner des CV dans des disciplines connexes à celle où elles pensaient d’abord recruter un candidat. « Par exemple, si on souhaite une personne en informatique, on est maintenant ouvert à rencontrer des étudiantes et étudiants en mathématiques ou en physique.  On ne cherche plus nécessairement le fit parfait… Là aussi, c’est un changement important. »

Si les employeurs sont moins rigides qu’auparavant, ils s’attendent tout de même à un rendement de leurs employés.  Il reste des règles tacites à comprendre dans les milieux de travail…  « C’est aussi à ça que servent les conseillères et conseillers en développement professionnel: nous pouvons contextualiser le changement, faire comprendre ces règles tacites aux personnes étudiantes pour qu’elles représentent vraiment une valeur ajoutée dans les milieux de travail en tant que stagiaires. »

Il arrive d’ailleurs au SSDP de suggérer aux employeurs des façons d’attirer des personnes étudiantes en contexte de rareté de la main-d’œuvre.  Alain Tremblay a déjà recommandé à une entreprise en région d’investir dans l’immobilier afin d’avoir des appartements à louer à d’éventuels stagiaires pour faciliter leur intégration dans un nouveau milieu de travail.  Il espère d’ailleurs voir davantage de mutualisation et de cohésion entre les différents secteurs de l’UdeS qui transigent avec des employeurs, comme le Groupe partenaire d’affaires (GPA) ou le Centre universitaire de formation continue.

Une roue qui tourne

 Au cours d’une discussion à bâtons rompus, Alain Tremblay évoque volontiers ce qu’il appelle
« l’économie circulaire du savoir ». « Grâce aux stages, les personnes étudiantes bénéficient évidemment de l’expérience professionnelle qu’elles acquièrent au contact des employeurs.  Par ailleurs, il y a toute une circulation de connaissances qu’on mentionne rarement : les employeurs rencontrent de futurs travailleurs et apprennent à connaître leurs façons de faire.  Les stagiaires amènent de nouveaux savoirs universitaires aux entreprises.  De retour de stages, les personnes étudiantes qui constatent certaines lacunes dans leur formation peuvent influencer les programmes pour qu’ils demeurent pertinents… » 

Le directeur du SSDP s’étonne d’ailleurs qu’il n’y ait pas de groupe de recherche sur les stages à l’UdeS pour tirer profit de cette circulation de connaissances. « Nous avons 55 ans d’expérience en matière de stages coop, il doit bien y avoir des manières de tirer des leçons et de bonifier cette expertise… »

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