Les universités visent à ce que les formations universitaires soient branchées de plus en plus directement sur le marché du travail. Or, plusieurs programmes d’études supérieures en sciences humaines ne préparent pas à des emplois spécifiques mais à une diversité d’emplois, certains parfois inimaginables au moment des études. Dans un tel contexte, les programmes de recherche en sciences humaines se trouvent souvent acculés à justifier leur existence même. Diverses initiatives visant à revaloriser ces cursus apparaissent, notamment aux États-Unis.
Créer des programmes confirmant la valeur des sciences humaines
On a vu apparaître des programmes mettant en valeur les sciences humaines comme le baccalauréat Humanities + (Université Brigham Young), dans lequel les étudiantes et étudiants doivent choisir une mineure sur un sujet «pratique», professionnaliser leurs compétences linguistiques et internationaliser leur profil par un stage à l’étranger; la maîtrise Master of Arts Program in the Humanities (Université de Chicago), qui forme spécifiquement à des carrières non académiques.
De même, l’Université Stanford offre depuis 2011 un nouveau programme de doctorat à la jonction des sciences humaines et de l’industrie : BiblioTech. Voici un extrait du texte de présentation du programme :
The BiblioTech Program is at the forefront of change within and outside of the university. Our vision is to work creatively and effectively to bridge the gap between the humanities and sectors beyond academia by creating new professional avenues for humanities Ph.D.s through partnerships across professional sectors − private and non-profit, government and non-governmental organizations, research foundations, public policy, and beyond.
En parallèle, on note l’émergence d’un nouveau champ disciplinaire : les sciences humaines numériques (Digital Humanities). Ce champ se situe à l’intersection des sciences informatiques et des sciences humaines.
Parmi les diverses carrières où mène cette filière, on peut mentionner la rédaction de programmes informatiques, l’encodage et l’édition de textes, la publication électronique, le design d’interfaces, la construction d’archives pour la conservation de données, le développement d’une expertise liée aux enjeux de propriété intellectuelle, de vie privée, d’accès aux données publiques, d’éthique… Il n’est pas sans intérêt de mentionner que l’Université McGill a déclaré que Janvier 2012 est le mois des sciences humaines numériques.
Limiter la durée des doctorats
D’autre part, la durée réelle des Ph. D. en sciences humaines est décriée depuis fort longtemps. Un groupe de professeurs d’expérience de Stanford, préoccupés par la question, a produit un document dans lequel ils exposent les étapes nécessaires pour transformer la formation doctorale à Stanford. Les changements proposés se résument en des responsabilités particulières pour les différents acteurs (université, étudiants, départements).
À Harvard, on a implanté des rencontres régulières avec un comité-conseil sous forme d’une présentation orale, d’un forum mensuel où les étudiants présentent leurs travaux de recherche et en discutent en groupe et d’une série de causeries sur le développement de compétences professionnelles.
À la Minnesota University, on a choisi de donner des crédits de recherche avant l’examen de synthèse afin que les étudiants s’engagent plus rapidement dans le processus de recherche.
Sources
Basu, Kaustuv, «Rethinking the Humanities Ph.D.», Inside Higher Ed, 16 mai 2012.
Jay, P. et Graff G., «Fear of Being Useful», Inside Higher Ed, 5 janvier 2012.