Le professeur Patrik Doucet est vice-recteur aux ressources humaines et vice-recteur à la transformation numérique. Il est titulaire d’un doctorat en éducation dans le domaine de la synergie du travail d’équipe.
Dans un monde où les défis deviennent de plus en plus complexes, la capacité à travailler en équipe multidisciplinaire n’est plus une option, mais une nécessité.
Le professeur Patrik Doucet
Par exemple, si on n’aborde les changements climatiques que sous l’angle technologique, les dimensions économiques, sociales, politiques, géopolitiques, juridiques et éducatives risquent d’être omises, conduisant à des solutions incomplètes, difficiles à adopter.
Or, de réunir des personnes dont le langage disciplinaire, le mode de travail, le processus décisionnel, la culture, les valeurs et les intérêts diffèrent, pour qu’elles parviennent à élaborer une solution satisfaisante pour toutes, représente un défi de taille. Et une opportunité d’apprentissage extraordinaire !
L’Université de Sherbrooke présente tous les atouts requis pour multiplier ces occasions d’apprentissage : elle comporte tous les grands domaines disciplinaires; elle valorise l’apprentissage par l’expérience; elle accueille des étudiantes et étudiants des quatre coins du monde; elle dispose de l’expertise requise.
Le travail en équipe est bien plus qu’une modalité pédagogique. Savoir travailler efficacement au sein d’une équipe diversifiée est une compétence attendue chez nos futures et futurs professionnels. Trop souvent, l’apprentissage de cette compétence se fait librement, sans accompagnement ni rétroaction. Peut-on former au travail en équipe? Le devrait-on d’ailleurs?
Savoir travailler en équipe fortement hétérogène sur des enjeux complexes est une cible ambitieuse; débuter par des activités permettant de développer les fondements du travail en équipe me semble être une cible plus réaliste. Apprendre à communiquer clairement son point de vue, s’ouvrir à celui des autres, établir un langage commun, s’entendre sur une approche et des objectifs communs, savoir exprimer et gérer ses différends, construire une solution favorisant un consensus, travailler à sa mise en œuvre et l’adapter chemin faisant. Autant d’objectifs d’apprentissage qui peuvent faire partie d’une activité pédagogique consacrée au travail en équipe, ou être intégrés dans une activité où le travail en équipe occupe une place importante.
Apprendre à travailler en équipe nécessite d’acquérir des connaissances, d’avoir l’opportunité de les mettre en œuvre, de recevoir de la rétroaction et de prendre un pas de recul. Cela nécessite d’y consacrer du temps, et mérite donc d’être reconnu dans le cursus académique.
Apprendre à bien travailler en équipe favorise l’intégration des étudiantes et étudiants, la découverte de soi et de l’autre, le développement de la confiance et l’établissement de relations saines. L’inverse est aussi vrai : isolement, rejet, méfiance, conflits. Stress. Ce qui semble malheureusement se produire encore assez souvent, a fortiori lorsque l’équipe comporte une certaine hétérogénéité (discipline, genre, âge, ethnie, neurodiversité, etc.).
Offrir à nos étudiantes et étudiants des opportunités d’apprendre à bien travailler en équipe, soutenir les professeures, professeurs, chargées et chargés de cours par des guides, de la formation ou de l’accompagnement, voilà ce à quoi se consacrent plusieurs membres de notre communauté universitaire, qui partagent leurs idées et expériences dans ce numéro du Magazine pédagogique.
Consacrer du temps à l’apprentissage du travail en équipe, c’est préparer nos futurs professionnels et professionnelles à relever les défis de demain. C’est un investissement qui mérite d’être encouragé et valorisé.
Témoignage étudiant
« Dans une perspective étudiante, l’apprentissage du travail en équipe — parfois exigeant — peut gagner davantage en sens lorsqu’on en comprend l’utilité immédiate et à long terme. L’encadrement et les explications de la personne enseignante jouent ici un rôle clé. Un accompagnement pédagogique actif permet d’assurer une expérience d’apprentissage enrichissante et de poser des repères pour avancer ensemble. »
– Charles, étudiant au doctorat en droit et chargé de cours, Faculté de droit
