On surveille pour vous

Remise en question de l’heure-crédit aux États-Unis

L’heure-crédit (credit-hour) américaine représente une heure de rencontre enseignant-étudiant et deux heures de travail hors cours, sur une base hebdomadaire, pendant un semestre de 15 semaines. Elle est utilisée chez nos voisins du Sud pour mesurer la qualité de la formation, l’accréditation, l’accès à l’aide financière, etc. Au fil du temps, certains en sont venus à la considérer comme une véritable unité de mesure de l’apprentissage.

La formation en ligne et l’émergence d’approches où l’étudiant contrôle le rythme de sa formation (le competency-based learning, par exemple) rendent cette unité de mesure caduque aux yeux de certains observateurs. D’aucuns souhaiteraient que soit brisée l’association faite entre le temps passé en classe et l’apprentissage.

Ce débat reprend de la vigueur avec la publication en septembre 2012 d’un rapport qui s’intitule Cracking the Credit Hour, mais également à la suite de l’octroi en décembre dernier d’une subvention de 460 000 $ par la William and Flora Hewlett Foundation. Cette somme permettra à la Carnegie Foundation d’étudier des manières de réformer l’heure-crédit (credit hour). Selon Amy Laitinen, auteure de Cracking the Credit Hour, le fait que l’heure-crédit ne soit pas une mesure adéquate de l’apprentissage entraîne divers problèmes comme l’inflation des notes et le refus de transferts de crédits entre les institutions, en plus de constituer un frein à l’innovation dans les méthodes de formation.

Nous avons déjà parlé de la Western Governors University, fer de lance du competency-based learning. Très présents dans le débat sur l’heure-crédit, cette institution jouit d’appuis politiques importants, comme celui du secrétaire d’État à l’éducation Arne Duncan : «Competency-based programs like Western Governors are the exception now, but “I want them to be the norm,” Duncan told The New York Times last fall.» (Lederman, 2012)

Il y a pourtant des défenseurs de l’heure-crédit qui s’inquiètent de ce que son remplacement ne se fasse qu’afin d’augmenter productivité et efficience. Ils avancent qu’un semestre de 45 h est souvent le temps requis pour établir une conversation intellectuelle permettant d’amener les étudiants à être de meilleurs citoyens (Schur, 2013).

Sources

Fain, Paul, «Hour by Hour», Inside Higher Ed, 5 septembre 2012.

Fain, Paul, «More Cracks in the Credit Hour», Inside Higher Ed, 5 décembre 2012.

Laitinen, Amy, «The Curious Birth and Harmful Legacy of the Credit Hour», The Chronicle of Higher Education, 21 janvier 2013.

Laitinen, Amy, «Cracking the Credit Hour», New America Foundation, 5 septembre 2012.

Lederman, Doug, «Credit Hour (Still) Rules», Inside Higher Ed, 30 avril 2012.

Schur, Richard, «In Defense of the Credit Hour», The Chronicle of Higher Education, 21 janvier 2013.

Articles Similaires

La maker culture : apprendre en bricolant, version 2014

Perspectives SSF

Trop de collaboration tue la collaboration?

Perspectives SSF

Parlerez-vous « dégenré » dans votre classe cette année?

Véronique Bisaillon

Ajouter un commentaire